« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » Cette phrase de Jacques Chirac signifie bien qu'il ne sert à rien de regarder ailleurs pour régler un problème qui se déroule sous nos yeux. Même s'il l'a prononcée en 2002, dans un autre contexte que celui qui nous occupe, cette phrase est d'autant plus pertinente dans le cadre de notre débat que Jacques Chirac a lui-même été visé par une attaque de l'extrême droite.
Tous les terrorismes sont criminels et s'opposent à ce qui fait société, mais on sous-estime, semble-t-il, la portée et la dangerosité du terrorisme d'extrême droite. Le Gouvernement paraît ainsi préférer faire diversion sur le plan médiatique, en insistant sur d'autres menaces. Lorsque, comme Gérald Darmanin, on qualifie des militants écologistes d'« écoterroristes » ou lorsqu'on parle de « terrorisme intellectuel », on relativise le phénomène et, en refusant ainsi de voir où sont les dangers immédiats et prégnants, on ne se donne pas les moyens de lutter efficacement contre tous les terrorismes.
Les chiffres d'Europol sont glaçants. Dans son rapport publié en août dernier, l'agence révèle en effet que 45 % des interpellations liées au terrorisme d'extrême droite réalisées en Europe l'ont été en France, contre 33 % il y a trois ans. La progression est donc forte.
Monsieur Baudouin, monsieur Lecœur, comment expliquez-vous que la société et le Gouvernement ne semblent pas être conscients de la menace que fait peser le terrorisme d'extrême droite, menace qui est pourtant, objectivement, la plus importante ? Ce type de terrorisme se caractérise-t-il par une plus grande violence ? Comment le qualifieriez-vous ?