J'évoquerai, pour ma part, la théorie du grand remplacement. En 2019, l'attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, revendiqué par Brenton Tarrant, qui visait deux mosquées et a fait cinquante et un morts et quarante-neuf blessés, a été inspiré par la théorie popularisée par Renaud Camus. On le sait puisque Tarrant y fait clairement référence dans le manifeste qu'il a mis en ligne.
En décembre dernier, alors que j'intervenais à la faculté de Bordeaux, les participants à la réunion ont été attaqués par des jeunes appartenant à des groupuscules d'extrême droite dont l'inspiration était la même, comme en témoignaient les inscriptions figurant sur leurs affiches et les insultes qu'ils avaient inscrites devant la faculté.
Cette théorie « infuse » dans le débat politique actuel : elle est reprise par Éric Zemmour, Alain Finkielkraut ou l'écrivain Michel Houellebecq qui, dans son roman Soumission, imagine la prise du pouvoir par les islamistes en France, roman dont il a dit qu'il lui avait été inspiré par ses conversations avec Renaud Camus.
On observe une poussée de l'extrême droite, laquelle s'inscrit dans une logique qui alimente la crispation des Français et stigmatise les minorités. De fait, cette théorie est reprise par Marion Maréchal-Le Pen, Nicolas Bay, Stéphane Ravier, Julien Sanchez ou Nicolas Dupont-Aignan, qui évoque un « remplacement rampant ». Il arrive qu'à la suite de cela, on subisse un cyberharcèlement – c'est mon cas. Pourtant, les différents partis politiques ne condamnent pas toujours ces propos. On constate une espèce de laisser-faire.
Ainsi, M. Darmanin dénonce l'« écoterrorisme », mais il ne condamne pas des actes revendiqués,…