Certains pays, par exemple au Moyen-Orient, exercent parfois des pressions. Lorsqu'ils écrivent, les chercheurs en sciences humaines et sociales sont des sources de construction ou de déconstruction d'un narratif : ils ont une crédibilité. Le chantage aux visas ou à l'accès aux documents peut avoir des conséquences dramatiques. Antoine Bondaz, par exemple, ne peut plus se rendre en Chine. Je lui conseille même d'éviter des pays comme le Cambodge ou le Laos, qui sont directement sous influence chinoise. C'est une vraie préoccupation.
À l'inverse, certaines personnes sont présentées à l'étranger, de manière totalement infondée, comme de grandes figures intellectuelles, des spécialistes de tel ou tel sujet. L'Inde recourt à cette pratique pour mener sa politique d'influence et alimenter son discours antipakistanais. On constate également que de nombreuses personnes achètent des thèses. On nous a signalé une activité de fabrication de thèses dans un pays situé au-delà de la Turquie. Ces travaux, dont la qualité est discutable, sont menés sous le contrôle de directeurs de recherche bienveillants ou maladroits.