Intervention de Jean-Philippe Tanguy

Réunion du jeudi 16 février 2023 à 15h30
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Philippe Tanguy, président :

Pour des raisons organisationnelles que l'on peut comprendre, et du fait de la massification des données et des phénomènes, l'État français, comme d'autres États occidentaux, délègue la modération des contenus aux plateformes. Cela pose plusieurs questions, à commencer par celle des moyens que ces plateformes consacrent effectivement à la modération : qu'est-ce qui relève de l'être humain et qu'est-ce qui relève de l'algorithme ? D'autre part, compte tenu de l'importance des comptes Facebook et Twitter des candidats en période électorale et de la communication que les partis politiques font sur ces plateformes, n'est-il pas problématique que ce soient les plateformes elles-mêmes qui soient chargées d'analyser ces contenus ? N'est-ce pas déjà une forme d'ingérence ? Je pense notamment aux contenus relatifs à la valeur de la laïcité, qui n'a pas tout à fait le même sens dans le monde anglo-saxon.

Je ne mets évidemment pas sur le même plan l'ingérence culturelle anglo-saxonne et celle d'un pays hostile. Je constate seulement que lorsque nous publions des contenus relatifs à la laïcité – et cela vaut pour tous le partis politiques –, il arrive qu'ils soient censurés, particulièrement ceux qui concernent le voile ou l'islamisme, au nom d'une interprétation culturelle anglo-saxonne. La question se pose aussi pour d'autres phénomènes culturels comme le wokisme. Imaginons que celui-ci prenne de l'ampleur d'ici à la prochaine élection ; imaginons que des revendications islamistes modérées prennent de l'ampleur et que l'on voie fleurir les contenus expliquant que refuser l'accès à une salle de sport à une personne voilée ou barbue est une discrimination. Ces questions ne sont pas considérées de la même façon des deux côtés de l'Atlantique. Est-ce que ce sont des situations auxquelles vous réfléchissez ? Comment les gérerait-on, sachant qu'on a tout à fait le droit, en République française, de considérer sans attenter à nos valeurs constitutionnelles que le voile islamique est un problème pour le droit des femmes ?

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