Intervention de Gabriel Ferriol

Réunion du jeudi 16 février 2023 à 15h30
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Gabriel Ferriol, chef du service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères :

Les plateformes sont un acteur essentiel de la lutte contre les manipulations de l'information, d'abord parce qu'elles ont accès à beaucoup d'informations utiles que, pour notre part, nous ne pouvons pas forcément observer. Ensuite parce qu'elles disposent en outre d'un certain nombre de leviers pour lutter contre les manipulations de l'information : elles peuvent bannir des comptes ou suspendre des contenus ; elles peuvent aussi faire ce que l'on appelle du shadow banning, c'est-à-dire rendre un utilisateur moins visible dans les résultats de recherche ; elles peuvent enfin décider de la démonétisation d'un compte.

Les plateformes sont-elles un problème ou une solution ? Il est difficile de les prendre en bloc : il y en a de différentes sortes et toutes ne sont pas aussi enclines à travailler avec nous. Certaines y sont réticentes pour des raisons de moyens, mais il y en a aussi qui, par principe, ne souhaitent pas participer à la lutte contre la manipulation de l'information et qui utilisent même cet argument pour fédérer leur communauté. Certaines font valoir qu'accorder quelque chose à un pays, c'est prendre le risque qu'un autre pays demande la même chose.

Pendant la campagne présidentielle, nous avons eu des contacts avec la plupart des grandes plateformes et leur avons adressé deux demandes. La première était de nature opérationnelle : nous leur avons demandé de nous signaler ce qui pouvait ressembler à des ingérences numériques étrangères et de lever les doutes que nous pouvions avoir au sujet de certains comptes ou de certaines activités qui nous paraissaient inauthentiques. Les plateformes ont des équipes d'investigation en interne dont l'avis peut parfois nous être utile – ce fut le cas pour le phénomène Beth. Notre deuxième demande était plus technique et pratico-pratique : nous voulions nous assurer que les comptes d'accès que nous utilisions pour observer les plateformes ne feraient pas eux-mêmes l'objet de mesures de bannissement. Dans l'ensemble, ces échanges ont été fructueux, même si les plateformes ne nous ont pas spontanément signalé de phénomènes. Nous avons des contacts réguliers avec elles sur les phénomènes qu'elles signalent dans leur rapport. Nous dialoguons avec elles ; ce dialogue repose sur la bonne volonté des uns et des autres.

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