Un certain nombre d'entreprises installées en Afrique, notamment au Mali et au Sénégal, ont commencé, par l'intermédiaire de fermes à trolls, à faire la promotion du candidat Macron en reprenant une partie de sa propagande, en changeant les photos et en aménageant les textes. Leur but était double : pouvoir dire, juste avant le scrutin, que le président sortant utilisait des manœuvres de manipulation de l'information pour se faire réélire ; et, deuxièmement, prétendre qu'il utilisait les Africains dans une posture néocolonialiste. Il est apparu que les entreprises qui avaient fait ce travail avaient été stipendiées par la galaxie Wagner, qui faisait ainsi un coup double : mettre en cause la légitimité de la campagne menée par le candidat et délégitimer l'action de la France en Afrique.
Nous avons rendu compte de ce phénomène au Conseil constitutionnel, qui a considéré qu'il n'avait pas eu d'impact sur la sincérité du scrutin. Depuis, nous continuons de noter des attaques venues d'Afrique, de la part de certaines de ces entreprises, qui ont changé de nom. C'est l'un des modes d'action de la société Wagner, qui est très active dans la guerre en Ukraine. Son fondateur, M. Prigojine, a créé une ferme à trolls dans la banlieue de Saint-Pétersbourg, l'Internet Research Agency (IRA). Il est également très actif dans bon nombre de pays africains où il essaie de nuire à ce que nous sommes et à notre présence.
Durant la campagne de 2022, une attaque est aussi venue des États-Unis. On a commencé à lire que la société canadienne Dominion, qui fournit les machines à voter aux États-Unis, avait aussi fourni à la France son système de vote électronique. L'argumentation était la suivante : en faisant appel à Dominion, nous truquions les élections, puisque l'élection avait été truquée aux États-Unis. Le ministre de l'intérieur a dû rappeler qu'aucune machine Dominion n'était utilisée en France et qu'il y avait, en outre, une étanchéité entre les systèmes électoraux fonctionnant dans les communes et le système qui permettait de transmettre les résultats depuis les préfectures vers le réseau central. Un problème constaté dans une commune ne risquait donc pas de remettre en cause l'ensemble du système. Nous avions prévu, en cas de dysfonctionnement électronique, d'utiliser des méthodes qui ont fait leur preuve par le passé : papier, téléphone et calculatrices.