Le fait essentiel, en 2017, a été ce que l'on a appelé les « MacronLeaks » : une pénétration sur les réseaux du candidat Macron qui a donné lieu à la perception, à la déformation, au triturage, puis au lâcher d'informations à un moment où il aurait été très difficile, pour le candidat, de réagir. Viginum n'existait pas à l'époque et c'est l'ANSSI qui a géré ce dossier. Le prédécesseur de Vincent Strubel, Guillaume Poupard, qui suivait les aspects de cybersécurité de la campagne, ayant constaté que le candidat Macron avait fait l'objet d'attaques, a prévenu le Conseil constitutionnel. Celui-ci a décidé de faire interdire la diffusion de ces informations et de bloquer les réseaux sociaux sur ce sujet, de façon à garantir la sincérité du scrutin.
Nous avons fait en sorte que Viginum soit opérationnel avant la campagne présidentielle de 2022 et nous nous sommes mis à la disposition du juge constitutionnel, de la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l'élection présidentielle (CNCCEP) et de l'ARCOM. Au cours de la campagne, nous leur avons rendu compte quotidiennement de toutes nos productions. Tous les soirs, un motard allait leur porter les productions de Viginum ou les informations que l'ANSSI avait obtenues. Le principe, c'était que nous étions aux ordres de ces autorités et que nous ne faisions rien de ces informations sans leur autorisation.
Au début de la campagne, en octobre 2021 et en janvier 2022, nous avons organisé deux réunions au SGDSN, auxquelles nous avons convié tous les candidats déclarés ou susceptibles de se déclarer. Il s'agissait de présenter notre travail aux représentants des équipes de campagne et de les mettre en garde contre les menaces qui pouvaient exister en matière de cyber, de manipulation de l'information et d'espionnage. Nous leur avons expliqué que des États étrangers pouvaient voir en eux un « investissement pour le futur » et faire sortir, lorsqu'ils seraient aux affaires, des informations compromettantes. Nous nous sommes mis à la disposition de l'ensemble des candidats et leur avons également donné le nom de sociétés privées susceptibles de faire le même travail que nous, s'ils préféraient ne pas dépendre de la puissance publique.