Je vous prie de m'excuser si j'ai pu à ce point mal m'exprimer. Mais, pour ma part, j'ai les chiffres : chaque Français, chaque Française émet en moyenne 10 tonnes de CO2 par an, mais c'est 8 000 tonnes pour les ultrariches et 5 tonnes pour les classes populaires et les classes moyennes, dont la mobilité est entravée.
Le décret sur les vols interdits, monsieur Leseul, n'a pas encore été pris. Les consultations sont sur le point de se terminer, mais on craint déjà que l'aéroport Charles-de-Gaulle soit exclu. Comme l'a dit M. Adam, certaines lignes aériennes ont déjà été réduites, parce que des alternatives en train existaient. Néanmoins, la France paie des amendes en raison de la qualité de l'air au lieu de prendre les mesures nécessaires pour assurer la santé publique, ce qui est un très mauvais usage de nos finances.
S'agissant du SAF 30, monsieur Adam, Mme Belluco a précisé les ordres de grandeur. La production est infime et elle coûte plus cher. Elle est soit à base de végétal, mais on entre alors en concurrence avec l'alimentation, soit à base de déchets, et alors on n'a vraiment pas de quoi produire, y compris pour la petite demande actuelle. Par ailleurs, la DGAC nous a dit qu'on ne dépassait pas le SAF 50 actuellement, mais des avions, vous avez raison, pourront un jour aller jusqu'à 100 %.
Monsieur Taupiac, vous avez parlé de l'A380, dont la construction était envisagée dès la fin des années 1980 et dont la production a eu lieu entre 2004 et 2021. La durée de vie de cet avion est de trente ans en moyenne, s'il est bien entretenu – je parle sous votre contrôle. D'où le problème : l'horizon de quarante ou cinquante ans que vous évoquez pour la décarbonation est beaucoup trop lointain. Il y aura peut-être des carburants de type SAF 100 demain ou après-demain, mais ils ne seront pas massivement utilisés. Des avions pourront s'en servir, mais pour que l'ensemble de la flotte soit remplacé, cela prendra nécessairement trente ans – à compter du moment où ce sera vraiment possible.
Voilà pourquoi, quand le Giec nous dit qu'il faut agir maintenant ou jamais, la réponse doit être de réduire d'abord le superflu. Ensuite, il faut mener la décarbonation, en soutenant bien sûr à fond les SAF, la recherche et développement, le point à point et les vols régionaux en avion électrique – mais ce n'est pas réaliste à l'heure actuelle.