Il existe quatre types de SAF.
S'agissant de la filière oléochimique, tout d'abord, on sait qu'on ne produira pas des volumes suffisants à partir des huiles de friture usagées, surtout si on les utilise aussi pour les voitures.
La production de SAF par les voies biochimiques consiste à convertir de la biomasse par des processus biologiques. Or il n'est pas certain, dans la situation actuelle, que le meilleur usage de nos sols agricoles soit de faire pousser des plantes pour produire des carburants, d'autant qu'on utilise déjà une partie de cette biomasse dans des méthaniseurs ou dans des carburants destinés à des voitures. À un moment où l'on parle de souveraineté alimentaire, il faudrait peut-être établir des priorités pour l'usage des sols agricoles.
Les filières thermochimiques, quant à elles, permettent de transformer du bois en paraffine synthétique par gazéification de la biomasse. Là encore se pose la question des usages multiples : si l'on doit aussi augmenter les quantités destinées au bois d'œuvre et au chauffage au bois, modulo les impacts sur la qualité de l'air, et étant entendu que les forêts poussent moins vite à cause du changement climatique – elles doivent s'adapter à l'augmentation des températures – je ne suis pas sûre, une fois de plus, que les ordres de grandeur conviennent, sachant qu'on ne produit déjà pas assez de bois en France pour les usages actuels.
Il y a enfin les e-carburants, qui sont produits synthétiquement. Leur fabrication comporte une phase de production d'hydrogène qui consomme beaucoup d'eau – il faut neuf litres d'eau pour produire un kilogramme d'hydrogène – et d'énergie. Il faut ensuite transformer l'hydrogène en e-carburant pour les avions, ce qui consomme également de l'énergie.
Bref, nous ne savons pas produire, actuellement, des volumes suffisants de SAF pour faire voler les avions : nous n'avons pas suffisamment de matières premières, lesquelles servent aussi à manger, à se chauffer et à construire des maisons. Par conséquent, la priorité n'est peut-être pas d'utiliser des SAF dans des avions.
Attention aux ordres de grandeur : les SAF, c'est bien, il faut sûrement les développer pour la part d'aviation qu'il faudra certainement conserver – il n'est pas question de tout supprimer – mais ce n'est pas une solution miracle. Pourquoi ne pas commencer par supprimer les vols les plus inutiles, qui transportent le moins de personnes et qui ont le plus fort impact carbone ?