Sans surprise, je suis entièrement opposée à ces amendements de suppression.
On nous dit de ne pas faire abstraction de l'industrie, mais une industrie, cela se construit, cela s'adapte, cela se développe – le vélo a été cité, mais on pourrait évoquer aussi les panneaux photovoltaïques. Je vous demanderai pour ma part, étant donné que nous sommes à la commission du développement durable, de ne pas faire abstraction du dernier rapport du Giec, dont la synthèse est parue il y a quelques jours. Ses conclusions sont extrêmement claires : il est écrit que les actions d'adaptation et d'atténuation du réchauffement climatique accordant la priorité à l'équité et à la justice sociale conduisent à des résultats plus soutenables ; les experts appellent à partager équitablement les bénéfices et les fardeaux de l'atténuation du réchauffement climatique.
Tel est précisément le cœur de cette proposition de loi : il s'agit de déterminer qui doit supporter l'adaptation au réchauffement climatique. Nous assumons de dire que les ultrariches, ceux qui ont les moyens de prendre un avion privé pour se déplacer, doivent prendre une part plus importante de ce fardeau, pour la bonne raison qu'ils sont les principaux émetteurs – ils émettent huit fois plus de CO2 que les 50 % de Français les plus pauvres.
Vous nous accusez de parisianisme. Pour ma part, je suis élue dans l'Isère et j'ai grandi à Vesoul : des jets privés, nous n'en voyons pas beaucoup. Quand des avions passent, ils viennent en général de la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur… Alors, oui, parlons des territoires ruraux, et posons la question que posaient déjà les gilets jaunes : qui doit payer ? Ce qu'ils ne supportaient pas, c'était le fait de devoir payer alors que d'autres en étaient dispensés. En adoptant ce texte, vous pouvez dire très clairement que tout le monde devra s'adapter au réchauffement climatique, et que certaines pratiques ne sont plus permises. C'est pour cela que je vous appelle à repousser ces amendements de suppression.