Non. Maître Samman a travaillé pour nous en tant que lobbyiste, pas en tant qu'avocate. Nous avons travaillé avec le cabinet Bredin Prat du début à la fin. Il s'agissait de nous expliquer l'environnement dans lequel nous allions opérer.
Uber engageait aussi des agences d'information et d'enquêtes, souvent peuplées d'anciens agents de l'État, tels que des anciens policiers et des anciens des services de renseignement, pour fouiller la structure des marchés et le parcours des acteurs, par exemple la famille Rousselet. Nous faisions cela à Paris comme ailleurs.
Nous savions ce que nous faisions. Armés des milliards de dollars provenant de fonds de venture capital, ou capital risque, nous pouvions très facilement offrir des courses à des prix incroyables, contraires à toute réalité économique – en un mot, faire du dumping. En défonçant la porte avec un pied-de-biche, nous voulions non seulement faire concurrence au modèle existant des taxis mais surtout posséder ce marché.
Toutefois, indépendamment de l'existence d'Uber, il était évident qu'il y avait urgence à réformer le marché des taxis, à Paris comme dans d'autres grandes villes. Si le ministre des transports de l'époque n'y était pas très favorable – Beauvau et Matignon avaient peut-être d'autres priorités –, le ministre de l'économie a, pour sa part, reconnu la nécessité de moderniser ce secteur dans l'intérêt du consommateur mais aussi pour ouvrir l'accès à la profession, qui était la fois très difficile et très onéreux.