Je vous remercie pour votre invitation. C'est la seconde fois que je suis convoqué à l'Assemblée nationale en deux mois. Je suis arrivé en septembre 2022 au sein de la société Getir et j'ai derrière moi vingt ans d'expérience dans le « retail », c'est-à-dire le commerce de détail traditionnel, dans des entreprises internationales ou françaises. Aujourd'hui, nous sommes quelque peu surpris d'être invités à cette commission sur les Uber files car nous nous distinguons sur plusieurs points des sociétés et plateformes d'intermédiation que sont Uber et Deliveroo.
La société Getir est l'un des acteurs principaux du e-commerce. Elle est née en Turquie en 2015 et s'est implantée par la suite en Europe. Le quick commerce est pour nous un commerce connecté permettant aux consommateurs de faire rapidement leurs courses et surtout de gagner du temps. En France, les enquêtes montrent que faire ses courses au supermarché est perçu comme une corvée. Nos clients peuvent faire leurs courses en cinq minutes et passer à autre chose. Ils sont livrés par nos livreurs qui sont employés en CDI.
La demande est réelle : nous avons plus de deux millions de téléchargements de l'application en France aujourd'hui. Nous y répondons en construisant un nouveau métier : le commerce digitalisé.
Notre modèle est différent de celui d'Uber. Nous ne sommes pas une plateforme mais une entreprise de distribution. Nous comptons avec des fournisseurs à qui nous achetons des marchandises, suivant les règles du commerce en vigueur dans les pays où nous intervenons, comme la loi Egalim en France. Nous faisons livrer ces marchandises via une plateforme logistique pour les distribuer dans nos magasins. Ensuite, nos clients commandent leurs courses via une application et sont livrés rapidement, ce qui leur permet de gagner du temps par rapport à des courses en supermarché ou bien sur des sites web de grands enseignes où la livraison est généralement planifiée au lendemain. Nous libérons du temps aux consommateurs.
Cela étant dit, les plateformes sont des intermédiaires alors que nous sommes pleinement intégrés dans la chaîne logistique. Les plateformes sont utilisées parfois par des restaurateurs ou des supermarchés. Pour notre part, nous utilisons nos propres employés et véhicules. Nos livraisons sont par ailleurs décarbonées, qu'elles aient lieu à vélo ou en scooter électrique. Nous nous insérons dans le paysage urbain où nous sommes implantés – sept villes en France à ce jour.
Du point de vue de l'emploi et du social, nous n'employons que des salariés en CDI pour les livreurs et préparateurs de commandes. Ce modèle a été choisi dès le début pour favoriser la formation des livreurs et entretenir une bonne relation avec le client. Cela permet aussi d'offrir une meilleure qualité de service. Les livreurs connaissent leurs clients. De fait, nous instaurons une vraie relation clients. Ce modèle est vertueux et permet d'insérer une certaine population dans le monde du travail. Ainsi, nous faisons office de tremplin en proposant à certaines personnes d'accéder à un premier emploi. Beaucoup de nos livreurs proviennent en fait de plateformes de type Uber et sont des anciens autoentrepreneurs. Pour nous, livreur est un vrai métier qui doit être développé en tant que tel. Uber n'a pas de fournisseurs ou d'entrepôt logistique ; il n'a pas de magasins physiques ou d'employés, à la différence de Getir.
Nous souhaitons nous consolider comme un acteur principal du marché du e-commerce en France, qui est un marché d'avenir. 10 % des courses sont aujourd'hui faites en ligne. La distribution en ligne, je le répète, libère du temps pour les consommateurs.
Concernant le statut, nos travailleurs sont employés en CDI, ce qui ne va pas sans difficulté pour des personnes qui connaissent leur premier emploi et qui étaient auparavant autoentrepreneurs.