Chers collègues, nous recevons M. Nicolas Musikas, directeur général France de la société turque Getir, spécialisée dans le quick commerce et Mme Mathilde Clauser, directrice des relations publiques de cette société. Monsieur Musikas, d'après les informations à ma disposition, vous êtes un spécialiste du commerce du détail. Vous avez pris vos fonctions récemment à la tête de Getir France, en septembre 2022. Vous avez pu assister en décembre de cette année au rachat par Getir de son concurrent allemand Gorillas, lequel avait déjà acheté la société française Frichti. À ce jour, vous êtes à la tête d'une des principales entreprises de quick commerce, qui utilise pour son activité des entrepôts et des locaux commerciaux situés en centre-ville, parfois appelés dark stores, notamment à Paris où Mme la rapporteure et moi-même sommes élus, afin de livrer en moins de dix minutes des courses alimentaires.
Nous vous remercions de votre présence aujourd'hui pour éclairer les travaux de notre commission d'enquête qui poursuit un double objectif : d'une part, identifier l'ensemble des actions de lobbying menées par Uber pour pouvoir s'implanter en France et émettre des recommandations concernant l'encadrement des relations entre les décideurs publics et les représentants d'intérêts ; et d'autre part, évaluer les conséquences économiques, sociales et environnementales du modèle Uber en France et les réponses apportées et à apporter par les décideurs publics. Sur le premier point, vous n'êtes pas concerné au premier chef, mais vous pourrez nous indiquer quel type de relations la société Getir entretient avec les pouvoirs publics en France, comme le ministère de l'Économie.
Sur le second point, le statut d'employé utilisé par des plateformes comme Uber ou la vôtre fait débat, comme nous venons de le voir avec des membres de la Cour de cassation, car les employés indépendants sont souvent requalifiés comme salariés en raison d'un lien de subordination. C'est aussi un débat chez nos voisins européens ou en Amérique du Nord. D'ailleurs, une directive européenne est annoncée sur cette question. Je crois savoir que Getir a voulu se démarquer de ce modèle en indiquant vouloir employer cinq mille personnes en France, lesquelles auraient le choix du statut de salarié ou d'indépendant. Pouvez-vous confirmer ce point ? Pouvez-vous nous dire combien de personnes sont employées par Getir France actuellement, sous le statut de salarié ou d'indépendant, et nous expliquer les débats et réflexions menés à ce sujet ? Pouvez-vous aussi nous expliquer le mouvement de concentration qui est à l'œuvre dans votre secteur et nous indiquer vos perspectives de croissance en Europe ? Une question m'intéresse tout particulièrement : votre modèle économique dépend-il de la question du statut du travailleur ? J'ai relevé par ailleurs que plusieurs articles du site Mediapart ont dénoncé des licenciements massifs au sein de votre entreprise. Ces informations sont-elles justes ? Le cas échéant, quelles sont les raisons de ces licenciements ?
Je vous rappelle que l'audition est ouverte à la presse et retransmise en direct sur le site de l'Assemblée nationale.
L'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes entendues par une commission d'enquête de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Je vous invite donc à lever la main droite et à dire : « Je le jure ».