Vous avez parlé du pillage scientifique. La conception des savoirs scientifiques et techniques procède en Occident d'un universalisme très ancien et profond. Même moi, dont la philosophie est patriotique, pour ne pas dire nationaliste aux yeux de certains, j'ai du mal à concevoir que l'esprit humain puisse se développer et prospérer sans des échanges ouverts à tous les pays. Quelles pistes pourrait-on suivre pour que la science reste, malgré tout, un domaine dans lequel on coopère ? Même pendant la guerre froide, des coopérations restaient possibles dans certains domaines sur le plan scientifique et, si l'on élargit la perspective, artistique. Comment faire pour préserver, malgré les agressions dont vous nous parlez, l'ouverture d'esprit qui est au fondement de notre civilisation et qui a permis à l'humanité de parvenir à un degré de développement dont tout le monde peut se réjouir ?