. Concernant l'exploration humaine et ses conséquences pour l'Europe, vous avez mentionné la mission Artemis vers la Lune et vers Mars. Nous avons négocié avec la Nasa trois places pour les missions Artemis 4 et 5 et une autre n'a pas encore été allouée. Les négociations sont en cours et nous en attendons les résultats. J'exerce une forte pression afin qu'une de ces places soit accordée à un astronaute européen. Cette proposition n'a pas encore été agréée par la Nasa mais nous sommes en bonne position, car l'Europe s'est nettement engagée dans cette coopération. Nous travaillons avec les Américains sur la mission ExoMars et le projet Artemis.
Nous avons pris des engagements pour la station Gateway, la capsule Orion, dans le cadre du programme Artemis, et neuf modules de service européens. (EMS). Nous nous sommes engagés sur des coûts d'exploitation. J'ai eu le plaisir et la fierté de rencontrer le président de la Nasa, M. Nelson, pour l'entretenir des engagements des États membres de l'Union européenne et de leur respect. Nous sommes en bonne position pour demander l'attribution d'un astronaute européen, mais les négociations ne sont pas encore finalisées.
Dans le corps de 2009, il y avait sept astronautes femmes. En 2022, il y avait 24 % de candidates, ce qui correspond au ratio constaté dans les études d'ingénierie. Dans la version finale, huit femmes et neuf hommes, soit presque la parité, en sorte qu'on est passé de 24 % à presque 50 % de contribution féminine. Mais plus que la volonté d'équilibre, c'est la qualité des candidates qui a dicté ce choix. Le nombre de demandes émanant de femmes de haut niveau nous a permis de composer un corps équilibré, ce dont je me réjouis.
Oui, Thomas Pesquet est un ambassadeur qui concrétise le rêve de nombre d'entre nous. Il joue un rôle phare, non seulement par ses qualités techniques d'astronaute dans la station spatiale, mais comme ambassadeur, ce en quoi doivent exceller tous les astronautes. Nous travaillons étroitement avec Thomas Pesquet et il prend grand plaisir à être un tel ambassadeur.
Cela rappelle que nous devons intensifier l'exploration européenne de l'espace. L'absence de l'Europe dans l'espace est difficilement compréhensible et nous voulons développer des missions dans des capsules spatiales vers la Lune et vers Mars. Nous devons intensifier l'engagement européen en la matière.
Vous avez évoqué la cybersécurité au travers de la situation en Ukraine. Je le répète, ce domaine est pour nous de la plus haute priorité. On m'a proposé de doubler le budget de la cybersécurité et les États membres y ont consenti. La cybersécurité protège à la fois nos infrastructures spatiales et terrestres. Il faut doter nos infrastructures spatiales de systèmes de cybersécurité très robustes, car les risques sont élevés.
Vous avez observé que sur le budget de 18,5 milliards d'euros demandé, 17 milliards avaient été obtenus. Il faut savoir que la proposition du directeur général de l'ESA est souvent plus élevée que le produit des souscriptions des États membres. Mais la bonne nouvelle, c'est que tous les projets proposés ont été financés, même si certains l'ont été dans une moindre mesure et si nous devons échanger avec les États membres pour décider du niveau de mise en œuvre : 90 % ou 100 %. Tous les projets phares, tels que l'atterrisseur terrestre, les engagements avec la Nasa, les programmes d'observation de la Terre, sur le changement climatique, les débris, la sécurité spatiale, les lanceurs, sont financés, pas toujours à 100 %, mais hautement financés. Nous sommes en discussion avec chaque État membre à titre individuel. Il faudra reporter quelques programmes mais, dans la plupart des cas, nous pouvons nous engager pleinement dans leur réalisation.
Quant à l'orientation stratégique à long terme, si les investissements européens sont inférieurs aux investissements américains, l'Europe a compris, à la lumière de l'expérience de l'an dernier et de la guerre, qu'elle devait s'atteler à l'atteinte de son autonomie stratégique et de ses priorités stratégiques, comme ceci est souligné dans la proposition aux États membres. Une politique visant l'autonomie stratégique est primordiale pour les infrastructures européennes, après quoi nous nous pencherons avec nos partenaires sur la coopération internationale.