. Concernant la commercialisation et l'accélération de nos activités spatiales, je l'ai dit dans ma présentation, l'Europe doit rattraper son retard. Vous avez cité Galileo et d'autres programmes. L'Europe affiche les meilleurs résultats en matière de navigation et d'observation de la Terre, de sciences de l'espace et de satellites de télécommunication, dépassant ou égalant les autres pays. Nous rattrapons le retard dans plusieurs programmes. Après la mise en œuvre du système GPS par les États-Unis, l'Europe s'est engagée dans le domaine de la navigation en développant le programme Galileo, qui est à même de lui assurer une autonomie stratégique. De même, après quelques décennies de retard et la domination du programme américain Landsat d'observation de la Terre, l'Europe s'est engagée dans cette voie avec le programme Copernicus et d'autres, et elle a non seulement rattrapé son retard mais dépassé d'autres pays. Ceci montre qu'en le voulant, l'Europe peut disposer de systèmes très forts. C'est également le cas pour le programme Iris. Nous n'avons pas l'équivalent de Starlink, mais nous nous employons à renforcer ce secteur. Nos industries nous aident à avancer dans cette voie.
Dans le domaine des lanceurs, la situation est très difficile, au point qu'on peut parler de crise. Le programme Ariane 6 a pris du retard, les prochains lancements d'Ariane 5 auront lieu en avril. En décembre, Véga a connu un échec, sans parler de l'arrêt du programme Soyouz dû à la guerre en Ukraine. La situation est donc très grave. Ma priorité est de rétablir un accès à l'espace. C'est indispensable pour des raisons d'ordre stratégique, économique et autres. Nous avons déjà pris des mesures sur lesquelles le directeur du transport spatial fournira des précisions. Avec les États membres et les acteurs industriels, nous nous attelons à résoudre cette crise tout en révisant nos méthodes de travail. Cela prendra du temps mais nous allons développer un système offrant une autonomie d'accès à l'espace, si importante pour l'Europe.
Depuis plus de dix ans, nous développions avec la Russie le programme ExoMars, composé de quatre parties. Une partie concernait la Russie, d'autres l'Europe et certaines faisaient l'objet d'une coopération entre les deux. Depuis l'intervention russe en Ukraine, en février dernier, nous avons engagé des consultations avec les États membres et décidé immédiatement d'interrompre toute coopération et de prendre des sanctions. Nous avons trouvé une solution principalement européenne, à laquelle s'ajoutent quelques éléments américains, afin de poursuivre le programme et de remplacer les pièces et les parties russes. Le lancement est prévu en 2028.
La petite base spatiale qui vient d'ouvrir à Kiruna ne peut être comparée à la nôtre. Kourou est un port spatial pour des lanceurs de toutes portées, y compris des lanceurs lourds capables d'envoyer des satellites en orbite géostationnaire. Kourou peut aussi lancer des petites missions composées de petits groupes de satellites. La base de Kiruna ne peut envoyer que des micro-lanceurs destinés à placer quelques satellites en orbite polaire. Elle n'est d'ailleurs pas la seule en projet mais elle est la seule à être devenue opérationnelle. Mais on ne saurait comparer cette petite entité avec une grande.
Vous avez comparé les 8,1 milliards d'euros d'investissement en Europe avec les 40 milliards de dollars aux États-Unis. En tant que directeur général, ma mission est de passer au niveau supérieur. La conférence ministérielle du mois de novembre a été une étape importante et nous allons continuer à accroître les contributions européennes.
Nous devons résoudre le problème des débris spatiaux avec tous nos partenaires, car cela ne concerne pas uniquement l'Europe. Je souhaite que l'Europe joue un rôle de champion pour la propreté de nos orbites et de notre espace, à l'instar de son action en faveur de la durabilité et de la protection de l'environnement terrestre.
D'autres pays, comme les États-Unis, la Chine et l'Inde entretiennent la dualité entre activités militaires et civiles. En Europe, nous établissons une distinction mais la discussion ne fait que commencer.
Qui marchera sur la Lune ? On me pose souvent la question. Permettez-moi de ne pas y répondre puisque la décision n'est pas encore prise. Grâce aux États-Unis, deux créneaux sont prévus dans le cadre du programme Artemis et j'essaie aussi d'en obtenir un pour permettre à l'un de nos astronautes d'aller sur la Lune. Je ne peux encore dire lequel. Nous le saurons sans doute environ deux ans avant la mission. Je sais que Thomas Pesquet suscite un grand intérêt.