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Intervention de Pieyre-Alexandre Anglade

Réunion du mercredi 8 février 2023 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des affaires européennes :

Nous avons le plaisir et l'honneur d'accueillir M. Josef Aschbacher, directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), dans le cadre d'une réunion commune avec l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).

Monsieur le directeur général, nous allons évoquer un sujet essentiel pour la souveraineté stratégique de l'Europe. L'envoi de satellites en orbite basse ou géostationnaire joue un rôle crucial dans la vie quotidienne des Françaises et des Français. Sans satellites, nous ne pourrions utiliser nos téléphones, regarder la télévision, faire fonctionner nos réseaux bancaires ou nos places boursières, nous n'aurions ni GPS ni cartographie de nos territoires, sans oublier les aspects militaires qui ne relèvent pas de la compétence de l'Agence. L'Europe est un atout pour nos vies quotidiennes et l'ESA en est un exemple éclatant.

En matière spatiale, l'Europe a remporté des succès incontestables qui nous honorent et nous obligent. Galileo et Copernicus, financés par l'Union européenne et conçus au sein de votre Agence, sont des programmes hautement performants de géolocalisation par satellite, pour le premier, et d'observation de notre planète, pour le second. Ils sont techniquement sans équivalent dans le monde, preuve de l'excellence européenne.

Depuis le premier programme Ariane lancé en 1973, il y a cinquante ans, l'Europe est devenue un acteur majeur du marché mondial des lanceurs. Lors de leur réunion des 22 et 23 novembre derniers, les ministres des États membres de l'ESA ont confirmé la priorité accordée aux questions spatiales en augmentant de 17 % le budget de l'Agence que vous dirigez, pour le porter à 17 milliards d'euros, niveau considérable qui démontre notre ambition, en tant qu'Européens. Nous sommes évidemment derrière nos amis et alliés américains, mais cette montée en puissance montre notre ambition collective. Nous nous dotons ainsi des moyens de notre puissance.

À bien des égards, l'Europe spatiale contribue à la quête d'une Europe souveraine pour ne pas dépendre de puissances tierces dans la politique de lancement de satellites, mais jamais l'espace n'aura suscité autant de convoitises et de concurrences féroces, en particulier celle des lanceurs privés américains. Près de deux cents lancements devraient avoir lieu cette année, dont une bonne moitié par l'opérateur SpaceX du milliardaire Elon Musk.

Cela pose la question de notre efficacité : efficacité opérationnelle, malgré certaines déconvenues, et efficacité d'une gouvernance encore parfois tiraillée entre la logique intergouvernementale et la logique communautaire. L'Agence spatiale européenne est un organisme intergouvernemental dont les programmes fonctionnent selon la logique du retour géographique. Parallèlement, sous l'impulsion de Thierry Breton, la Commission européenne s'investit de plus en plus dans les questions spatiales, notamment par son projet de constellation de satellites, ce qui pose les questions de la coopération et de la coordination de nos actions afin que les différents acteurs européens agissent au bon niveau et de manière pertinente dans la course mondiale que nous devons affronter.

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