Je m'inscris dans la logique de l'intervention de mon collègue socialiste même si les socialistes ont malheureusement mangé du pain pourri et moisi de l'indexation de la dette sur l'inflation. Monsieur le ministre, je ne m'explique pas l'exposition de la dette française à l'inflation. Vous avez bénéficié ces cinq dernières années de circonstances historiquement favorables avec des taux d'emprunt nuls voire négatifs. Comment expliquez-vous qu'à la fin de cette période bénie la France soit encore exposée à hauteur de 250 milliards d'euros à des titres indexés sur l'inflation ?
Ces titres sont systématiquement perdants pour l'État : si l'inflation s'effondre, l'État doit rembourser le nominal et ne gagne rien et si elle augmente, il doit payer plein pot. Les marchés financiers sont toujours gagnants. À la fin des années 1990, M. Dominique Strauss-Kahn a justifié cette innovation financière digne des pires charognards de Wall Street, en expliquant que l'inflation pouvait être contrôlée sur dix ans : croire que l'on peut anticiper l'inflation à dix ans relève de Merlin l'enchanteur et non de Colbert. C'est impossible d'exposer l'État, dont la dette ne présente pas de risque par nature, à l'inflation.
Comment pouvez-vous faire peser la responsabilité de l'endettement du pays sur les Français en parlant de « cote d'alerte » alors que vous n'avez pas mis un terme à l'exposition de la dette à l'inflation ces cinq dernières années ? Comme l'a dit notre collègue, cette situation nous expose à une charge de la dette phénoménale : sans cela, nous aurions pu financer à l'euro près la compensation de la hausse des dépenses des communes de France, ainsi que les aides sur les carburants ou la suppression de la TVA sur les biens de première nécessité. Comment pouvez-vous dire qu'il faut faire des économies et des efforts, alors que votre gestion de la dette financière, injustifiable moralement, va complètement dans le décor ?