On m'a demandé d'étudier, pour la CFDT, cette nouvelle économie des transports. En 2014, le sujet des VTC n'était pas aussi prégnant qu'en 2015, car il n'était pas encore question de tarification. Le mécontentement a en effet commencé à se faire sentir en 2015, lorsqu'Uber a augmenté son pourcentage de commission et diminué le prix de la course.
En 2014, Uber s'est développée grâce aux Grandes remises qui avaient une opportunité d'augmenter un peu leur chiffre d'affaires. Par exemple, Uber était présente à ses débuts à la sortie du festival Rock en Seine avec de grosses berlines allemandes et des chauffeurs habillés de manière très formelle. En outre, leur prix était beaucoup plus abordable que celui d'un taxi à ce moment à la sortie du festival. Concrètement, le succès d'Uber s'est construit grâce à un service haut de gamme et une proposition tarifaire abordable. Toute cette image d'Uber s'est cependant effondrée en 2015 à la suite d'une décision rétrograde.
Nous avons donc assisté au conflit entre taxis et VTC en 2016. L'État a alors remarqué qu'il n'y avait aucune lisibilité dans la représentation des différentes parties. Je me souviens d'une réunion, qui s'est tenue en décembre 2016, avec plus de cinquante personnes se disant chacune représentante des VTC et des taxis. Uber profitait de la situation et indiquait qu'elle ne reconnaissait personne, y compris des confédérations. Par exemple, Uber ne reconnaissait pas la CFDT comme représentant de travailleurs en 2016. Le travail mené entre janvier et mars 2017 avait vocation à prouver qu'Uber était incapable de discuter avec les représentants des plateformes pour parvenir à un progrès social, c'est-à-dire l'adoption d'un tarif minimal. La loi Thévenoud est considérée comme pro-taxis mais le réel enjeu intervient après. En effet, l'année 2017 fut importante, de même que l'application de la loi Grandguillaume en 2018.
En fin d'année 2017, les plateformes lancent des attaques incessantes, notamment via des expressions publiques ou à travers les médias. Le VTC était considéré comme un sous-travailleur des transports et on faisait croire que le travailleur VTC n'était pas capable de passer un examen à l'instar des taxis. Depuis 2017 et jusqu'à aujourd'hui, notre travail syndical a eu pour but de revaloriser le métier de VTC. Uber essayait pourtant de faire croire que le VTC n'était pas un travailleur comme un autre. Cette position découle notamment de l'expression de M. Macron qui disait qu'il valait mieux être VTC pour Uber que de « tenir le mur ou dealer ».