Je vous remercie, monsieur le président. J'ai commencé à travailler comme chauffeur VTC en 2013 avec l'application LeCab. Je me suis ensuite inscrit sur la plateforme Uber en 2014 et, très vite, je me suis rendu compte que la manière dont elle dirigeait le chauffeur ne convenait pas. En effet, des créneaux horaires nous étaient imposés de même que la tarification. J'ai rapidement tiré la conclusion que travailler uniquement avec Uber n'était pas un métier d'avenir. Parallèlement, j'ai commencé à développer ma propre clientèle, ce qui m'a permis de m'émanciper d'Uber.
En 2014 et 2015, Uber a commencé sa démocratisation du VTC et les tarifs ont commencé à baisser. À l'automne 2015, le tarif initial avait même diminué de 40 % – il était passé de huit euros à cinq euros. Simultanément, la commission que la plateforme prenait est passée de 20 % à 25 % sans aucune explication préalable. Il n'existait en effet aucune forme de relation bilatérale avec les chauffeurs. Ces mouvements ont engendré des manifestations et nous avons commencé à nous organiser sous la forme d'une association appelée CAPA-VTC.
Nous avons eu des premiers contacts avec le ministère de l'Économie et M. Macron en 2015. Son cabinet nous avait reçus froidement lorsque nous avions exposé les difficultés rencontrées par les chauffeurs à l'époque et nous avions évoqué un dossier épineux. En effet, Uber avait monté la société Hinter, qui nous paraissait tout à fait illégale car elle permettait à des chauffeurs ne disposant pas de carte VTC, de licence ou de macaron VTC de s'inscrire chez Hinter afin de travailler pour Uber. Nous avions dénoncé cette situation auprès du cabinet du ministre de l'Économie et nous pensions que nous trouverions une écoute attentive. Il était d'ailleurs déjà étrange que nous soyons reçus par le ministère de l'Économie alors que nous dépendions du ministère des Transports.
Ensuite, les premières manifestations ont eu lieu alors que je travaillais encore avec Uber. Dès ce moment, mon compte sur la plateforme a été désactivé car j'avais critiqué Uber. Le médiateur Jacques Rapoport a ensuite mis en lumière les difficultés rencontrées par les chauffeurs et je n'ai absolument pas été choqué par les révélations survenues dans le cadre des Uber files. Nous dénoncions effectivement ce type de pratiques depuis 2015.
Lors de ces manifestations, nous étions conscients que le ministère de l'Économie était favorable à Uber et ne défendait pas les chauffeurs VTC. Pour rappel, Uber paie très peu de charges et ne contribue pas réellement à l'effort en France alors que le chauffeur doit payer la TVA et des charges sociales. En ce qui me concerne, je suis désormais formateur indépendant depuis plus de quatre ans et j'ai été examinateur à la chambre de métiers d'Île-de-France.
Par ailleurs, le Président de la République a expliqué que beaucoup de jeunes étaient « sortis de la galère » grâce à Uber mais cette affirmation est totalement fausse. En effet, 80 % des personnes candidates pour devenir chauffeur VTC sont déjà des travailleurs et ce ne sont pas des jeunes qui « tiennent les murs » comme l'a prétendu notre Président. D'ailleurs, cette annonce s'est avérée blessante car les chauffeurs VTC sont des travailleurs, qui se lèvent souvent très tôt le matin pour aller chercher leur chiffre d'affaires. Cependant, les pouvoirs publics ne nous protègent pas.