Intervention de Sayah Baaroun

Réunion du jeudi 2 mars 2023 à 14h35
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat des chauffeurs privés :

Lorsque nous avons essayé de mettre en place une formation obligatoire, il nous a été répondu que Bercy ne l'accepterait jamais. Cependant, il ne s'agit que de bruits de couloir et je n'ai pas d'éléments factuels à vous fournir.

Pendant au moins deux décennies, nous comptions entre 17 000 et 19 000 taxis ; je pense désormais qu'ils sont 20 000. De notre côté, nous avons été plus de 40 000 VTC. À cette époque, nous n'arrêtions pas de manifester et de bloquer les aéroports. En effet, l'équation est simple : si nous sommes trop nombreux sur le marché, personne n'est gagnant. La mise en place d'une formation obligatoire des chauffeurs VTC devait donc permettre de limiter le nombre de chauffeurs car la situation était très difficile. Le ministère de l'Économie nous expliquait qu'en vertu d'une directive européenne, il n'était pas possible d'imposer une formation obligatoire car cette directive ne prévoyait que des examens obligatoires mais pas de formation obligatoire. De plus, il nous a été toujours dit que Bercy bloquait la situation sur l'aspect tarifaire.

Par la suite, nous avons rencontré Emmanuel Macron et celui-ci nous a promis qu'il allait réguler le marché des VTC. Parallèlement, nous savions déjà qu'il avait trouvé un arrangement avec Uber. Il nous a promis d'essayer d'instaurer un tarif minimum. J'essayais alors de faire comprendre au candidat Macron qu'il devait essayer de négocier un tarif plancher en dessous duquel il ne serait plus possible de faire du dumping social. Cependant, en termes de preuves, nous ne disposons que de la vidéo filmée dans le restaurant dont je vous ai déjà parlé. Depuis ce moment, les acteurs du marché font très attention à ce que nous ne soyons pas présents.

Par ailleurs, au début des mobilisations, nous avions essayé d'interpeller un membre du cabinet du ministère des Transports sur un sujet polémique avec les plateformes. Il nous a alors répondu, lors d'une séance plénière, que nous ne devions pas lui adresser de telles demandes car il allait encore recevoir des appels d'Uber jusqu'à 23 heures le soir même. Nous avons alors découvert que le cabinet du ministre était censé travailler pour aider les chauffeurs VTC en France mais qu'en pratique il faisait l'objet d'un lobbying agressif d'une société étrangère, en l'occurrence Uber, pour s'opposer à nos demandes. Cette situation m'a semblé particulièrement choquante.

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