Pourquoi avez-vous défendu et continuez à défendre le marché européen de l'énergie, qui nous rend dépendants des prix du gaz, alors que l'alliance du nucléaire et de l'hydraulique offrait à la France des prix parmi les plus compétitifs d'Europe ? Vous avez parlé du couple franco-allemand mais celui-ci me semble aujourd'hui aussi asymétrique qu'il l'était à votre époque. Le déficit commercial de la France à l'égard de l'Allemagne en témoigne : près de 14 milliards. L'explication selon laquelle il conviendrait de préserver de bonnes relations avec l'Allemagne n'est pas valable, si ce n'est pour faire de la France le « dindon de la farce ». Le marché européen de l'énergie ruine notre économie, nos finances publiques et altère notre souveraineté énergétique.
L'objectif de l'Arenh, que vous avez instauré en 2011, était de limiter les prix de l'énergie en créant artificiellement de la concurrence par la loi. Vous nous avez exposé votre amour de la concurrence, mais cette politique a échoué car les prix de l'énergie ont augmenté. Vous aviez annoncé la création de champions énergétiques français mais les Français se retrouvent face à une myriade de fournisseurs qu'ils ne connaissent pas forcément et EDF, qui était le principal champion de l'énergie, apparaît plus que jamais affaibli, d'autant plus que sa dette est due pour un tiers à l'Arenh. Comment pouvez-vous continuer à défendre ce système, qui devrait s'achever prochainement puisqu'il était prévu pour durer quinze ans ?
Vous avez lancé l'EPR de Flamanville en 2004, en tant que ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Comment expliquez-vous l'imprévoyance des acteurs industriels qui ont laissé les coûts et les délais déraper ? Le chantier devait durer sept ans mais, en 2023, le réacteur n'a toujours pas démarré. Nous examinons un projet de loi pour relancer le nucléaire et le Gouvernement choisit des EPR de deuxième génération dont le design est encore virtuel. Ne devrions-nous pas construire les premières séries de réacteurs sur l'EPR de première génération, dont nous maîtrisons désormais la technologie, plutôt que d'innover, au risque de rencontrer les mêmes problèmes ?
Enfin, je voudrais vous interroger au sujet des enjeux énergétiques qui ont entouré la guerre en Libye. La Libye exportait en 2010 plus de 10 % de sa production d'hydrocarbures en France, 14 % en Allemagne et 30 % en Italie. L'Europe était l'un de ses premiers débouchés. Aviez-vous anticipé la sécurité d'approvisionnement de l'Europe avant d'engager les forces militaires françaises ?