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Intervention de Nicolas Sarkozy

Réunion du jeudi 16 mars 2023 à 9h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Nicolas Sarkozy, président :

C'est vrai, j'ai moins parlé des énergies renouvelables. Mon successeur aurait fermé une filière, je l'aurais fait. Pourquoi parler de quelque chose qui fonctionne ? Il y a un consensus : nous nous sommes fixés pour objectif d'atteindre 23 % d'énergies renouvelables dans le mix énergétique. En dehors du sujet des éoliennes qui posent d'autres difficultés, aucune force politique n'appelle à arrêter les énergies renouvelables. Il est normal, devant une commission d'enquête, de s'attarder sur les éléments problématiques. N'en déduisez pas que je me désintéresse des énergies renouvelables. J'avais moi-même annoncé, dans le cadre du grand emprunt, 1 euro pour les énergies renouvelables, 1 euro pour le nucléaire. C'était nouveau. Le Grenelle de l'environnement, c'était énorme ! Quant à la fiscalité écologique, je l'ai voulue et je l'ai fait voter par le Parlement. C'est le Conseil constitutionnel qui l'a annulée.

Je le répète, la différence entre les partisans du nucléaire et ceux du renouvelable, c'est que les premiers sont convaincus de la nécessité de produire des énergies renouvelables, alors que les seconds parfois ne veulent pas entendre parler du nucléaire, ce qui est absurde.

Vous dites que vous n'étiez pas contre le nucléaire mais que vous vouliez simplement en ramener la part à 50 %. Heureusement que vous n'étiez pas contre, sinon je me demande ce que cela aurait donné ! Vous n'aviez pas une page blanche devant vous. Il y a une différence entre porter la part du nucléaire à 50 % en partant de rien et l'abaisser de 75 % à 50 % ! Vous vouliez tout simplement détruire une filière en la réduisant de moitié ! Vous avez fait un choix lourd de conséquences.

Le photovoltaïque pose le problème du stockage. L'électricité ne se stocke pas. Or le photovoltaïque produit de l'énergie quand vous n'en avez pas besoin : en plein jour et en été. Comme l'électricité ne se stocke pas, ou très difficilement, si vous ne comptez que sur le photovoltaïque pour alimenter un pays au climat tempéré, vous risquez d'être déçus par les résultats. Voyez les batteries électriques : si le système marchait, on le saurait. L'énergie renouvelable est un concept dont tous les éléments ne se valent pas. J'ai toujours pensé que l'éolien offshore était plus prometteur que le photovoltaïque, en raison du climat français et des difficultés de stockage. Surtout, j'ai fini par en avoir assez de ne faire travailler que les Chinois. Les subventions coulaient à flots mais tous les panneaux venaient de Chine. Mettez-vous à ma place ! J'ai voulu utiliser l'argent différemment. Voyez-vous, les gens ont des idées préconçues. Dès lors qu'une énergie est estampillée renouvelable, c'est bien ! Réfléchissez un peu : le photovoltaïque coûtait de plus en plus cher et l'argent profitait aux entreprises chinoises. C'est pourquoi j'ai voulu privilégier une production chez nous. L'éolien offshore permettait de produire de l'énergie dans notre pays, sans défigurer le paysage, même si j'assume ma part de responsabilité dans la dénaturation du paysage par les éoliennes au large de Saint-Nazaire. J'ai l'honnêteté de le reconnaître. L'éolien offshore ne s'installe pas en plein milieu de l'océan, comme les plateformes pétrolières ; il faut le poser sur des rochers. Même à 12 kilomètres des côtes, la pollution visuelle est réelle.

Concernant les centrales hydrauliques, je suppose que M. Borloo vous aura répondu. Nous n'avions pas reçu officiellement la mise en demeure mais ce n'est pas pour cela que nous n'en avions pas été informés par téléphone ! Je n'avais pas envie que la France soit condamnée, dans le contexte où nous nous trouvions.

En vérité, la Terre devrait s'appeler la Mer puisque l'eau représente 60 % de la surface de la planète. Or quatre fois par jour, 60 % de la planète avance et recule. Nous tenons là une source d'énergie potentielle inépuisable. Certes, des problèmes se posent mais l'usine marémotrice de la Rance travaille à leur résolution. Il est difficile d'obtenir des métaux qui résistent au sel et le manque de régularité des courants marins est un obstacle à l'installation de turbines dans la mer. Le froid est également une énergie, que l'on trouve en abondance dans les grands fonds. J'y crois. Si j'avais des responsabilités aujourd'hui, j'investirais beaucoup dans la recherche sur les océans pour produire de l'énergie plutôt que dans le photovoltaïque car, malgré les milliards investis, le problème du stockage n'est toujours pas réglé. J'ai suivi le débat sur les voitures électriques. Les mentalités évoluent et nous n'en sommes qu'au début. Vous verrez, la situation changera au niveau européen. Leur coût est tel que les ménages aux revenus modestes ne pourront pas en acquérir. Et je conteste l'idée que ce sont les politiques qui définissent quelle est la bonne filière plutôt que la mauvaise, car investir massivement dans la voiture électrique, c'est se priver d'autres technologies qui pourraient être tout aussi prometteuses.

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