C'est un choix politique que j'assume. On peut être pour, on peut être contre, mais l'époque était aux délocalisations en vagues. J'ai toujours aimé l'industrie, j'ai passé mon temps à aller dans les usines et je n'ai jamais cru à une économie exclusivement tertiaire : sans industrie, de qui les services se mettent-ils au service ? Je me suis rendu compte que la question de la fourniture d'électricité à nos filières – pour Saint-Gobain et pour d'autres – était centrale et que nous pouvions, grâce au nucléaire, gagner en compétitivité et contrebalancer le poids de nos charges sociales. Je ne les remets pas en cause, je mets en face d'un modèle social beaucoup plus coûteux que celui des autres, une énergie moins onéreuse, donc un choix à faire pour l'industrie.
Nous avons lancé un plan d'avenir, le grand emprunt, que j'avais fixé à 36 milliards d'euros mais que Bercy a ramené à 20 milliards – même quand vous êtes Président de la République, Bercy repasse derrière vous, vous promet un effet de levier et conserve 16 milliards, mais après tout, c'est leur rôle. Dans le plan d'avenir, un milliard d'euros était affecté à la recherche nucléaire et au projet de réacteur rapide refroidi au sodium à visée industrielle (Astrid). Tout le monde parle actuellement des centrales de troisième génération, mais préparons d'ores et déjà la quatrième : l'arrêt d'Astrid n'a aucun sens. La recherche pour la quatrième génération sert pour la troisième et même pour la deuxième. Dans le cadre du grand emprunt, j'avais également posé la règle de 1 euro dépensé dans les énergies renouvelables pour 1 euro dans le nucléaire.
Une petite phrase sur le déficit d'entretien des centrales d'EDF ne m'a pas plu. Qu'est-ce qui permet de dire cela ? Je veux les chiffres ! C'est faux ! EDF a triplé son investissement dans les centrales pendant mon quinquennat, et je ne laisserai pas dire qu'elle a bradé l'entretien des centrales. D'ailleurs, si elle l'avait fait, l'ASN n'aurait-elle pas protesté ? A-t-on fermé un seul réacteur pendant les cinq ans de mon mandat ? Je ne veux pas que l'on dise des choses inexactes. Je ne veux pas être cruel, mais s'il devait y avoir comparaison entre la situation d'EDF sous la présidence d'Henri Proglio, que j'ai nommé, à celle des années suivantes, je ne suis pas sûr qu'elle soit à notre désavantage.
Je ne mets pas en cause le Président de la République actuel, car je n'ai pas les éléments pour juger de la possibilité d'arrêter la fermeture de Fessenheim après cinq ans. Et quand on ne sait pas, on ne parle pas.