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Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du lundi 20 mars 2023 à 16h00
Motions de censure — Discussion et votes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

…et non pas le Président de la République enfermé dans son palais. Or, depuis le début de ce quinquennat, comme tant de fois durant le précédent, cette souveraineté populaire a été censurée. Il y a moins d'un an, alors qu'il venait d'être élu, Emmanuel Macron se disait conscient que les Français ayant voté pour lui au second tour avaient été nombreux à le faire davantage contre l'extrême droite que pour son programme. Il ajoutait que ce vote l'obligeait. Qu'est donc devenue cette obligation ? Censurée ! La réponse des Français ne se fit pas attendre puisque le Président de la République fut battu par la NUPES au premier tour des élections législatives et que la majorité présidentielle n'en est désormais plus une. La Première ministre se présentait devant l'Assemblée sans solliciter le traditionnel vote de confiance des députés.

Depuis, quel sort est-il réservé aux votes des députés ? Censurés ! En dégainant le centième 49.3 de l'histoire de la Ve République, vous en êtes à votre onzième – soit un 49.3 tous les vingt-huit jours en moyenne depuis le début de ce quinquennat –, en l'utilisant pour une réforme injuste et brutale à laquelle s'opposent 93 % des actifs, vous avez plongé le pays dans une crise politique majeure. C'est en fait une crise de régime, l'énième spasme de la lente agonie de cette Ve République d'essence monarchique à bout de souffle.

Deux tiers des Français souhaitent l'adoption de cette motion de censure. Deux tiers des Français souhaitent votre départ, madame la Première ministre. Deux tiers des Français souhaitent que le mouvement contre la réforme des retraites se poursuive. Mais parce que sous les lustres dorés des plafonds de l'Élysée, un homme seul et toujours plus isolé souhaite rhabiller un passage en force en « processus démocratique », ce sont deux tiers de Français qui devraient être censurés ! Cette réforme des retraites n'a aucune légitimité parlementaire, aucune. En utilisant un véhicule législatif inadapté, un budget rectificatif, vous avez contraint les deux chambres à débattre dans un temps limité et empêché l'Assemblée de se prononcer en première lecture. Même au Sénat, où vous aviez la majorité, vous avez eu recours au vote bloqué, et ici à l'Assemblée à un énième 49.3 pour empêcher le vote des députés.

Le vote de cet après-midi doit donc remettre les pendules à l'heure, rappeler le Président et son gouvernement à la réalité, les remettre en phase avec les aspirations populaires. Vous prétendez que cette réforme est la seule solution pour notre régime de retraite par répartition. C'est votre préférence politique, certes, mais il y en a bien d'autres et les Français le savent d'autant mieux qu'ils voient une petite minorité se gaver toujours plus sous les effets de vos réformes, pendant que le grand nombre souffre et que les fins de mois difficiles commencent dès les premiers jours. Dix millions de pauvres dans le pays qui détient le record d'Europe des versements de dividendes, où cinq personnes possèdent autant que 27 millions !

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