Une colère. Pas un coup de colère, encore moins une vague désapprobation : une profonde colère. Quelque chose de l'ordre de la révolte, même. Le refus sans appel de la régression sociale. Le refus de se voir voler deux de ses meilleures années de retraite. Le sentiment de ne jamais pouvoir être entendu. Le sentiment d'être pris pour des imbéciles. Le sentiment de ne pas être respecté. L'idée que ça suffit, tout simplement.
« On ne méprise que les gens qui font des choses méprisables », a écrit Alberto Moravia. Pour mériter tant de mépris, qu'ont fait les ouvriers, les employés, les privés d'emploi ? Qu'ont fait les organisations syndicales, qu'ont fait ceux qui manifestent ? Qu'a fait notre peuple pour mériter tant de mépris ?