Camus fait dire à l'un de ses personnages : « Sans doute ce n'est pas la première fois que chez nous, un homme dispose d'un pouvoir sans limites, mais c'est la première fois qu'il s'en sert sans limites, jusqu'à nier l'homme et le monde. » Comme Caligula, le Président est saisi de démesure. Il n'écoute plus personne. Il a refusé de recevoir l'intersyndicale, ignoré des manifestations historiques depuis cinquante ans, commandé un passage en force, et se barricade désormais dans son palais. Comme lui, il désire l'impossible. Ni l'adhésion à son projet, ni l'adhésion à sa réforme ne sont de ce monde, mais il fera comme si – à croire qu'Emmanuel Macron se trompe de peuple : il croit possible de gouverner la France indépendamment des Français, indépendamment de la fureur qu'il fait naître en eux.