L'examen de cette proposition de loi est pour moi l'occasion de remettre ma casquette de psychologue. Lorsque les smartphones sont apparus, vers 2005-2010, beaucoup se sont émerveillés de la capacité des enfants à se saisir de cet outil. Puis, à partir de 2015, j'ai reçu en consultation de nombreux parents, souvent envoyés par l'école, parce que leurs jeunes enfants de 4 ou 5 ans rencontraient de très grandes difficultés d'apprentissage, de concentration et de comportement.
Les premiers mois de la vie d'un enfant sont essentiels pour son développement. Avant 3 ans, l'enfant a besoin d'interrelations multimodales, qui impliquent tous les sens. Or les écrans empêchent d'acquérir de nombreuses compétences comme la motricité, le langage, la capacité de concentration et l'empathie émotionnelle, c'est-à-dire la capacité de considérer le visage de l'autre comme un support de communication émotionnelle. Cela a des conséquences dans la construction cognitive ainsi que dans la gestion du rapport à l'autre, du manque et de la frustration. Ces effets peuvent être terribles et être ressentis toute la vie.
Le groupe Écologiste salue donc cette proposition de loi car elle met en lumière cette question essentielle, encore largement méconnue des parents. Les mesures proposées sont certes insuffisantes mais elles permettront de sensibiliser les médecins et les professionnels de l'enfance à ce sujet.