Nous voici à l'heure des choix. Notre modèle agricole est à bout de souffle. Le dépassement des limites planétaires provoque l'accumulation des crises.
Une crise de la biodiversité, d'abord, avec la disparition, dans la plus grande indifférence, de 80 % des populations d'insectes. Les pesticides portent une lourde responsabilité dans ce phénomène. Ce n'est d'ailleurs que sous la contrainte d'une décision de justice européenne que vous avez interdit les néonicotinoïdes. Espérons que vous vous y tiendrez.
Une crise climatique, ensuite : l'agriculture ne perdurera que si elle préserve le climat. Or elle émet pour le moment 20 % de nos émissions de gaz à effet de serre.
Une crise de l'eau : cet hiver sans pluie nous montre, si besoin était, que la solution ne peut se résumer à une captation privée de l'eau.
Une crise générationnelle : dans dix ans, près de la moitié des agriculteurs partiront à la retraite.
Une crise de la valeur, du côté des producteurs, dont le revenu est insuffisant, comme du côté des consommateurs, qui subissent une inflation douloureuse.
Afin de faire face à ces crises, les écologistes appellent à un changement systémique. Plutôt que de mettre au point de nouvelles molécules de pesticides ou de nouveaux organismes génétiquement modifiés (OGM), il faut engager un virage franc vers l'agroécologie. Gouverner, c'est choisir, et en la matière, il va falloir opérer des choix importants. Comment entendez-vous mettre en œuvre la transition vers l'agroécologie ? Que comptez-vous faire en matière de pesticides ? Quelle sera votre position sur le renouvellement de l'autorisation du glyphosate ?
Vous annoncez une aide d'urgence de 10 millions d'euros en faveur de l'agriculture biologique, ce qui représente seulement 166 euros par ferme. Prévoyez-vous de faire davantage ? Comptez-vous, par exemple, rétablir les aides au maintien ? Rappelons que le bio est le label le plus vertueux. Il faut le soutenir davantage et empêcher la confusion avec des labels trompeurs, comme le HVE ou le Zéro résidu de pesticides.
Enfin, après trois années d'expérimentation d'un menu végétarien dans les cantines scolaires, un projet d'arrêté pourrait menacer son existence. Quelle est votre position en la matière ?