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Intervention de Julie Laernoes

Réunion du mardi 28 février 2023 à 21h35
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulie Laernoes :

Casser quelque chose qui marche au moment où l'on veut relancer le nucléaire et où il faut vérifier la sûreté de centrales vieillissantes, est une erreur grave. L'acceptation du nucléaire dans notre pays tient à la régulation et à la sûreté. En 1986, la France, pays parmi les plus nucléarisés au monde, avait été la risée de tous en matière de sûreté : prétendant que le nuage de Tchernobyl s'était arrêté à ses frontières, elle n'avait pas protégé les Français et les avait laissés consommer leurs salades. Tous les autres pays européens avaient pris des dispositions. Il a fallu presque quarante ans pour élaborer notre système dual de sûreté du nucléaire, qui est reconnu internationalement aujourd'hui.

Que l'on soit pour ou contre le nucléaire, on est pour un système de sûreté performant. Pourquoi tout bousculer et casser en quatre semaines ? La manifestation que tous les syndicats de l'IRSN ont organisée aujourd'hui a été rejointe par des syndicalistes du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), d'Orano et de Framatome. Les industriels de la filière du nucléaire sont donc tout aussi inquiets de cette disposition présentée à la hussarde.

Si des réformes doivent être menées, elles doivent l'être de manière concertée, avec l'ensemble des acteurs. Il faudra montrer ce qui a besoin d'être changé. Certes, le plan de charge est plus important, mais ce sont plus de moyens qu'il faut y consacrer. Il n'est pas possible de placer la recherche sur la sûreté nucléaire sous le même joug que la police et le contrôle du nucléaire, car alors nous n'aurons plus les recherches approfondies dont nous avons besoin. Le groupe de travail de l'IRSN sur les effets du réchauffement climatique, par exemple, est essentiel pour faire fonctionner les centrales, si l'on veut en construire à l'avenir – ce n'est pas la voie que je défends.

L'intérêt général est ici en jeu. Cette proposition change considérablement la nature du projet de loi. Qu'on soit pour ou contre le nucléaire, j'appelle à s'interroger sur son fondement et sur la manière dont elle bousculera le système, avec des conséquences graves à la clé. Mais les responsables politiques qui prennent ces décisions à la hussarde ne seront plus en place à ce moment-là.

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