Encore une fois, le CAPS ne travaille pas sur les sujets de politique intérieure. Pour autant, le sujet des libertés académiques me semble particulièrement révélateur. Les autorités chinoises ont par exemple menacé de ne plus envoyer d'étudiants dans les universités australiennes, conditionnant leur venue à des restrictions quant aux débats, aux activités de recherche ou aux sujets possibles. Cela serait revenu à priver ces établissements de ressources financières substantielles. Le même phénomène s'est produit dans d'autres pays. De fait, les instituts Confucius déployés dans de nombreux pays sont fréquemment logés dans des établissements culturels, universitaires ou de recherche locaux. Aujourd'hui, le mouvement de balancier est cependant parti dans l'autre sens car les conditions de partenariat étaient devenues problématiques, malgré l'attrait de l'apport financier lié à la coopération.
D'une certaine manière, le débat sur la 5G chinoise a lui aussi montré que la question de la perception et de la confiance est aussi importante que celle de la réalité avérée. Le sujet portait à la fois sur la dépendance technologique et la vulnérabilité de la sécurité nationale, mais aussi sur la manière dont cette offre pouvait avoir un effet sur le champ informationnel.
Si j'ai surtout insisté sur les nouveautés, les phénomènes classiques perdurent, tels que le lobbying, la corruption et le recrutement par idéologie ou par affinité. Certains peuvent adhérer à la rhétorique de Poutine ou de Xi Jinping non pas parce qu'ils seraient des nationalistes russes ou des communistes pro-chinois, mais plus prosaïquement parce qu'ils partagent des idées prônant le traditionalisme, le souverainisme ou l'antiaméricanisme.
Enfin, il convient d'insister sur la subversion par la confusion ou par le doute. M. Paul Charon a certainement évoqué devant vous toutes les modalités de ces stratégies allant de l'influence à l'ingérence.
Pour autant, des pays peuvent conduire des politiques d'influence non seulement légales mais aussi légitimes, même si elles s'opposent aux positions françaises. Par exemple, la conception française de laïcité est loin d'être partagée par toutes les démocraties occidentales, mais on se situe là dans le débat d'idées et le soft power, avec un cadre et des règles du jeu sur lesquels on est d'accord – ce qui change singulièrement la donne !