Intervention de Manuel Lafont Rapnouil

Réunion du jeudi 26 janvier 2023 à 11h30
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Manuel Lafont Rapnouil, directeur du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS, ministère de l'Europe et des affaires étrangères) :

L'objectif des politiques d'ingérence et d'influence n'est pas nécessairement de donner une bonne image du pays et de ses dirigeants. Dans certains cas, il s'agit plutôt de créer de la dissension et de creuser les divisions au sein d'un pays. De ce point de vue, un certain nombre de pays présentent une situation plus contrastée que celle que vous avez évoquée ; le narratif russe peut rencontrer un certain succès en Europe occidentale et plus encore dans la zone balkanique.

Il importe donc de ne pas confondre la propagande simpliste et manichéenne qui était la norme il y a quelques décennies avec les stratégies actuelles d'influence, qui sont plus indirectes, sophistiquées et pernicieuses. Ces stratégies attaquent parfois avec succès les notions de vérité, les normes universelles, qu'elles soient juridiques ou politiques. Cette forme de contestation est, de fait, au cœur des objectifs des stratégies d'ingérence. Quand la Chine mène une diplomatie du masque, elle cherche certes à améliorer son image, mais surtout à affaiblir les solidarités européennes. Le décalage entre la perception de l'aide chinoise et celle de l'aide, bien plus importante en réalité, apportée par l'Union européenne montre le potentiel de succès d'une stratégie d'ingérence bien menée.

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