L'organisation du système énergétique français part d'une situation dans laquelle vous avez la plus grande concentration de production d'énergie nucléaire au monde dans un pays donné. Cette situation découle d'un choix énergétique et industriel fort, qui a été mis en place dans un délai relativement court. Cette organisation a été définie alors que le niveau de concurrence n'était pas identique à celui qui s'est progressivement développé avec et au sein du marché européen.
Il est maintenant déterminant que les réflexions nécessaires soient menées sur les choix d'investissements. La lisibilité d'une politique énergétique est très importante pour tous les acteurs, qu'ils soient politiques ou économiques. Il est en effet nécessaire d'offrir une réelle visibilité aux acteurs et aux investisseurs y compris français. D'ailleurs, il me semble qu'aujourd'hui, une ligne claire se dessine. Elle est fondamentale, car il est important que les choix d'investissements aillent dans la bonne direction. Concrètement, l'électricité sera primordiale pour l'avenir énergétique et la décarbonation. En effet, toutes les analyses indiquent qu'il n'y aura pas simplement une augmentation de la consommation d'électricité à horizon 2050, mais une augmentation forte. Si cet élément fondamental n'est pas suivi par des décisions d'investissements suffisamment fortes pour prendre en compte cette demande, non seulement par rapport aux besoins français, mais aussi à l'échelle européenne et au-delà, des ambiguïtés ou des difficultés apparaîtront.
La Commission européenne est d'ailleurs complètement ouverte aux investissements énergétiques, y compris dans le domaine nucléaire. L'approche est quelque peu différente en termes d'accompagnement d'aides d'État entre le nucléaire et le reste, car les dossiers nucléaires sont très peu nombreux, ce pour quoi ils sont examinés au cas par cas. Toutefois, les bons dossiers sont validés. Nous faisons donc face à une situation qui n'est pas immobile, mais qui se caractérise par de grands changements des systèmes énergétiques. Ils impliquent en outre des niveaux d'investissements à la mesure des besoins et en proportion de l'importance de la demande électrique. Les investissements nécessaires doivent être dirigés vers la production et, de manière claire et préférentielle, vers les énergies renouvelables et le nucléaire, sans toutefois oublier les réseaux de transport et de distribution. Avec le développement à venir de la mobilité électrique, nous rencontrerons des problèmes si le raccordement au réseau et le développement de bornes de recharge ne sont pas suffisamment envisagés. Tous ces éléments doivent être pris en compte et ils sont observés par les investisseurs. En conclusion, une vision de ce qui est nécessaire pour la politique énergétique française en termes d'investissements pour les différents secteurs doit être dessinée. Des corrections peuvent également être apportées, notamment vis-à-vis de la lenteur qui caractérise parfois l'obtention des permis.