Vous pensez que les énergies renouvelables pourront fournir l'intégralité de l'électricité dont la France a besoin en 2050. Quelles mesures faut-il prendre pour parvenir à cet objectif ? Tout le monde sait que la complémentarité entre les sources d'énergie est la condition de la fiabilité du système : comment l'obtenir si seules les énergies renouvelables fournissent notre électricité ?
Vous insistez sur la nécessité de fixer des objectifs clairs. Vous dites qu'avant le discours de Belfort, le 10 février 2022, il manquait un pilote. Dans ce discours, le Président de la République a annoncé que la politique énergétique reposerait sur trois piliers : la relance du nucléaire, le développement des énergies renouvelables et la sobriété. Vous avez été ministre entre 2020 et 2022, ne le prenez pas mal, mais n'y avait-il pas de pilote pour mener la transition écologique et énergétique ?
En 2018, M. Yves Bréchet, alors haut-commissaire à l'énergie atomique, a remis un rapport dans lequel il prévenait – M. Henri Proglio nous l'a confirmé – qu'il ne fallait surtout pas fermer de réacteur avant d'ouvrir Flamanville, au risque de perdre notre souveraineté électrique. Pourtant, le 22 avril 2020, vous avez arrêté le premier réacteur de Fessenheim, puis le second, le 30 juin. Cette décision n'explique pas complètement notre perte de souveraineté électrique mais elle l'a accélérée.
L'hydroélectricité représente 49 % de la production d'électricité renouvelable en France. J'ai auditionné le responsable de l'hydroélectricité du Massif central et de Bretagne, qui pourrait installer une station de transfert d'énergie par pompage (Step) de 5 gigawatts en turbinant certains débits qui, placés en conduite forcée, ne le sont pas encore et n'ont aucune incidence sur la biodiversité : cela représente cinq tranches nucléaires, or vous ne parlez que d'éolien offshore, de photovoltaïque, de biogaz et pas d'hydroélectricité. Je comprends que vous ayez pu être en colère contre EDF, mais il faudrait fixer un mix énergétique à long terme. La loi que le Parlement devrait voter en 2023 permettra, selon vous, de nous projeter, mais, en attendant, les industriels ont besoin de visibilité sur un temps long pour investir, condition indispensable au maintien de notre souveraineté. Le mix énergétique sera-t-il gravé dans le marbre ou pourra-t-il être remis en cause à chaque alternance politique ?