Sur ce sujet, on a pas mal déblayé, mais le développement des énergies renouvelables n'a pas été pris par le bon bout. J'en reviens au problème originel : les énergies renouvelables ont été construites contre le nucléaire. Cela a faussé le débat. Aujourd'hui les énergies renouvelables sont de moins en moins chères et de plus en plus intéressantes d'un point de vue économique ; elles se déploient partout dans le monde.
Selon tous les scénarios des institutions internationales – l'Agence internationale de l'énergie, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) –, les énergies renouvelables seront l'avenir de l'énergie dans le monde, si l'on veut atteindre les objectifs de l'accord de Paris. En France, pourtant, on continue à les envisager selon le prisme des paysages et de l'atteinte à la biodiversité. Il faut travailler pour que les gens s'approprient le sujet.
C'est pourquoi j'ai développé les communautés d'énergie renouvelable, lancées avant mon arrivée au gouvernement : elles permettent aux gens d'être acteurs de leur politique énergétique. Si vous habitez à côté d'un parc éolien terrestre, vous réagissez différemment si le projet est conduit par une grande entreprise, qui ne sera pas là en cas de problème, ou par une structure plus petite – association, collectivité, entreprise locale. Les projets à échelle humaine sont en ce sens plus intéressants. Je ne dis pas qu'il ne faut que cela, mais ils constituent un beau vecteur d'acceptabilité.
Le second vecteur est de savoir où l'on va. Dans mon département, où de nombreuses éoliennes ont été installées, beaucoup disaient qu'ils ne savaient pas quand cela s'arrêterait. C'est pourquoi nous avons essayé de développer une planification, dont de nombreux germes figurent dans la loi « climat et résilience », et créé les communautés énergétiques citoyennes. Les responsables et les acteurs peuvent ainsi se mettre autour de la table, pour s'entendre sur des objectifs de puissance installée à partir d'énergies renouvelables et sur les moyens de les atteindre. Cela permet aussi aux personnes sur le terrain d'être les acteurs de la transition écologique dans leur territoire, auprès de l'État, qui en donne les grandes directions. Il est important que les gens se réapproprient le développement de leur territoire et acceptent l'idée que, si l'énergie fossile ne se voit pas – les puits de pétrole, les champs de gaz n'étaient pas chez nous –, l'énergie décarbonée, elle, se verra. Étant originaire du bassin minier du Pas-de-Calais, je sais ce qu'est un paysage modelé par une industrie et par une époque.
Nous entrons dans une nouvelle époque : faire croire qu'elle ne se verra pas dans notre environnement n'a pas de sens. Qu'elle se voie n'est pas grave mais requiert un encadrement : il faut veiller à ne pas faire n'importe quoi. Il en va de même pour l'éolien offshore ou le photovoltaïque.
Avec la filière, on a défini des mesures pour prendre en compte les paysages remarquables et la biodiversité car des atteintes peuvent survenir localement. Il demeure qu'une des causes les plus importantes de la perte de biodiversité est le changement climatique. Les énergies renouvelables font partie de la solution. C'est un changement d'état d'esprit. Il faut aussi éviter les bêtises qui ont été faites par le passé.