Je n'ai malheureusement pas regardé l'audition de M. Ribadeau-Dumas, et je vais m'empresser de le faire afin d'écouter attentivement ce qu'il a dit. Je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé en 2017 au sein du Gouvernement, parce que je n'en faisais pas partie.
Ce que je peux vous dire, c'est qu'à la suite de l'accord de Paris et de la loi relative à l'énergie et au climat une forme de dynamique avait été engagée. Néanmoins, l'on n'avait pas défini clairement ce qu'on allait faire. On se rendait compte qu'on était en train de dériver par rapport aux objectifs en matière d'énergies renouvelables et que le discours sur le nucléaire n'était pas suffisamment clair. Il fallait décider.
Je vais vous dire le fond de ma pensée. Il avait été décidé de ramener la part du nucléaire à 50 % en 2025. Cette échéance a été décalée à 2035 car on n'a pas été collectivement fichus de tenir collectivement nos objectifs – à l'exception de la fermeture de la centrale de Fessenheim, dont je reconnais qu'elle a été réalisée. Je sais ce que vous pensez de ce dossier, monsieur le président, mais lorsque des décisions sont prises, le pire pour un responsable politique est qu'elles ne soient pas suivies d'effet. Cela perturbe tout le monde et personne ne sait à quoi s'en tenir. À l'occasion de l'examen du projet de loi « climat et résilience », je me suis aperçue que, lorsque l'on vote ensuite d'autres textes, les gens sont persuadés qu'ils ne seront pas appliqués. Ils ne se préparent pas et se retrouvent démunis lorsque la loi est appliquée. Nous avons besoin de restaurer la crédibilité de la décision politique. Quand une décision a été prise de manière démocratique, il faut s'y tenir.
En ce qui concerne la politique énergétique menée jusqu'au discours de Belfort, des actions avaient bien été engagées – j'ai mentionné la loi relative à l'énergie et au climat, et l'objectif de neutralité carbone en 2050 – mais j'ai constaté à mon arrivée au ministère que l'on n'arrivait pas à développer les énergies renouvelables et que personne ne savait où l'on en était sur le nucléaire.
Les choses traînaient car, même si l'on avait décidé de baisser la part du nucléaire, une bonne partie de la classe politique n'était absolument pas prête à le faire, car elle n'avait pas du tout conscience des raisons pour lesquelles il fallait le faire. Nous devrions fermer quatorze réacteurs d'ici à 2035, mais il est évident que nous n'y arriverons pas parce que nous ne nous sommes pas donné les moyens de le faire.