Lorsque j'étais ministre, nous avons essayé de renforcer le renseignement pénitentiaire, notamment en le hissant au rang de service national. Il est d'ailleurs aujourd'hui reconnu par les deux autres services de renseignement intérieur et extérieur ; les directeurs généraux de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieure me disaient qu'il constituait un point d'appui essentiel. Mais, là encore, si je peux mettre un bémol – et je crois que c'est aussi le sujet dans l'affaire du meurtre d'Yvan Colonna – les moyens peuvent manquer. À quoi servent les caméras si personne n'est là pour surveiller les écrans ? À quoi servent les écoutes si personne n'est là pour les exploiter ? J'ai connu beaucoup d'incidents graves qui ont touché des surveillants pénitentiaires. À Condé-sur-Sarthe, on s'est demandé si une agression à l'encontre d'un surveillant n'aurait pas pu être décelée en écoutant des propos qui avaient été enregistrés mais qui n'avaient pas pu être exploités faute de moyens. Nous avons un gros souci d'adéquation entre une ambition et la capacité à assumer totalement cette ambition.