Je n'adopterais pas la logique du complot. Je ne sais pas. François Pupponi a évoqué le déport du ministre Éric Dupond-Moretti, compte tenu de son rôle passé de conseil d'Yvan Colonna. L'administration pénitentiaire a alors perdu sa tutelle, transférée à Matignon. Ce n'est alors pas le Premier ministre, quel qu'il soit, qui assure la gestion. Celle-ci s'effectue de haute administration à haute administration, le cas échéant par l'intermédiaire de conseillers ministériels. Je pense que cette question a uniquement été gérée au plan administratif. Ensuite, il y a évidemment eu un dysfonctionnement dans la différenciation du traitement : le droit à réinsertion a été nié à ces trois personnes pendant plus de vingt ans. Pour certains, ils devaient tous trois mourir en prison, parce qu'ils avaient tué un préfet.
Lorsque j'étais député, j'ai dû expliquer à plusieurs collègues les raisons de mon implication, au nom du droit et des valeurs humanistes auxquels doit être attachée chaque personne engagée dans la vie en société et en politique. La peine de mort a été abolie il y a plus de quarante ans dans notre pays. Quand un homme vous demande s'il doit mourir en prison et veut le savoir, je peux vous assurer que cela vous trouble, quels que soient les faits pour lesquels il a été condamné. Après des explications alambiquées de sa part, je me souviens avoir dit à l'ancienne directrice de la maison centrale d'Arles qu'elle était en train de justifier la création d'une commission d'enquête compte tenu de ses contradictions et des approximations dans ses réponses. Le dossier de M. Elong Abé n'a clairement pas été traité comme il aurait dû l'être. On pourrait par ailleurs se poser la question suivante : comment une personne libérable dans quelques années en vient à commettre de tels faits ? C'est également dans le cadre de l'instruction ouverte suite à l'assassinat d'Yvan Colonna que certaines réponses seront apportées. De même, comment une personne sous statut de DPS exerçant un emploi d'auxiliaire, rémunéré, peut-elle être laissée en totale autonomie de fonctionnement dans l'exercice de cet emploi alors que l'on connaît ses antécédents ? Peut-être allait-il mieux, mais quelque part on a mis en danger la vie d'autrui en le laissant agir de telle sorte dans la centrale d'Arles. Je ne veux pas croire que ce soit intentionnel, mais les faits sont là.