Je vais en partie rejoindre les propos de mon collègue de Force Ouvrière. Le décès d'une personne dont nous avions la charge, sauvagement tuée par un détenu qui n'avait pas forcément sa place dans une détention classique, nous a choqués. Le problème est que nous mélangeons aujourd'hui le « tout-venant », des terroristes et des détenus relevant de cas psychologiques, pour aboutir à la mort de détenus, à des agressions sauvages ou à des tentatives d'assassinat de gardiens. Au parloir d'Arles, des collègues ont été victimes d'une tentative d'assassinat. Le cas a eu lieu aussi à Condé-sur-Sarthe, en unité de vie familiale (UVF), avec un détenu qui n'avait rien à faire dans ce type d'établissement. Depuis des années, notre organisation revendique la création d'établissements spécialisés pour ceux qui ne peuvent pas être placés en détention classique, y compris en maison centrale.
La pénitentiaire va très mal, à tel point que nous ne pourrons pas armer les 15 000 places qu'il est prévu d'ouvrir, faute de personnel. Nous ne pourrons donc pas désengorger les maisons d'arrêt aujourd'hui surpeuplées. On bat des records d'incarcération malgré l'explosion des peines alternatives, notamment les placements sous bracelet électronique, en métropole comme outre-mer. On peut arriver à des taux de surpopulation carcérale supérieurs à 200 % en maison d'arrêt.
La profession est en crise. Elle n'attire plus. Les jeunes garçons ou jeunes filles préfèrent se tourner vers d'autres métiers, les pompiers ou la police nationale. La pénitentiaire ne fait pas rêver. Nous sommes à un tournant. M. Darmanin l'a compris, qui a lancé un « Beauvau de la sécurité » l'an passé et a obtenu des avancées pour la police nationale. Aujourd'hui, nous sommes en attente d'arbitrages de Matignon et de l'Élysée concernant une réforme d'envergure pour le personnel du corps d'encadrement et d'application qui est en première ligne dans des établissements où surpopulation et dangerosité augmentent. Ce qui s'est passé à Arles peut malheureusement se reproduire à n'importe quel moment dans n'importe quel établissement de France et de Navarre. Ce week-end encore, au centre pénitentiaire d'Aiton en Haute-Savoie, un détenu a été massacré par un autre dans la nuit : égorgé, les dents arrachées, attaché à un radiateur...Telle est la réalité des prisons. La violence constatée à l'extérieur est transportée à l'intérieur de nos murs. Nos établissements en ont été préservés pendant un temps ; aujourd'hui, la violence de l'extérieur se transpose au sein de la prison, y est multipliée et amplifiée par le fait d'être enfermé. La violence est de plus en plus forte et les personnels en sont victimes au quotidien. Pourtant, ni la réponse administrative ni la réponse pénale ne sont adaptées.
Nous vous avons envoyé une modeste contribution écrite en réponse au questionnaire que vous nous avez adressé. Si vous le permettez, je souhaiterais donner la parole à notre secrétaire local de la maison centrale d'Arles, qui est plus à même de parler de cet établissement en particulier.