Il y a toujours un risque dans nos établissements. Il y a eu huit décès l'an passé dans nos établissements pénitentiaires, ce qui établit un triste record. La situation est inacceptable et représente pour nous un échec, que nous assumons. Nous devons travailler d'arrache-pied pour que cela ne se reproduise pas car, vous avez raison, on ne doit pas sortir de prison « les pieds devant ». L'État a ici une responsabilité que nous portons. Nous devons protéger les détenus qui sont placés dans nos établissements. Nous assumons nos manquements quand ils existent. Je ne remets pas en cause le rapport de l'IGJ qui comporte certaines propositions pertinentes qu'il faut mettre en œuvre. Cela étant dit, il faut toujours garder à l'esprit que notre environnement est extrêmement complexe. Nous ne pouvons pas, compte tenu du public dont nous parlons, éliminer le risque. Nous ne sommes pas en mesure de mettre un surveillant derrière chaque détenu ou de placer chaque détenu en cellule sans qu'il côtoie les autres. Ce n'est pas possible, on n'y arrivera pas, et, de ce simple fait, le risque zéro ne pourra jamais être atteint. Lorsqu'un drame survient – et vous pouvez compter sur nous pour travailler à ce que cela n'arrive plus – une question se pose : celle de savoir si l'administration pénitentiaire aurait pu faire quelque chose pour l'éviter – et si elle a agi –, ou si elle n'aurait rien pu faire. Encore une fois, on n'a poussé personne à agresser M. Colonna ou les sept autres détenus qui ont perdu la vie. Ce n'est pas l'administration pénitentiaire mais M. Elong Abé qui a agressé M. Colonna, de son propre chef – la justice dira s'il y a eu préméditation ou pas. S'il y a eu des dysfonctionnements, vous pouvez compter sur nous pour les assumer. Nous ne cherchons à dédouaner personne. Le risque zéro n'existe pas. Il est possible de réduire pour partie ce risque, mais il ne peut être totalement éliminé.