Un chef d'établissement peut tout à fait conserver en propre un certain nombre de compétences, il n'y a pas de faute professionnelle à cet égard. Je partage néanmoins l'avis de mes collègues quant au fait qu'il est plus prudent de procéder à des délégations, au profit du premier adjoint en particulier. Mon collègue travaillant à Maubeuge a évoqué le fait que les agents du renseignement pénitentiaire ne sont pas toujours affectés à temps plein, ce qui peut poser problème du point de vue de la qualité du travail de renseignement puisque les autres tâches liées à la détention sont assez dévorantes. Quant aux GED, ils fonctionnent différemment selon les départements. On pourrait imaginer que leur fonctionnement est homogène, mais ce n'est pas le cas. J'ai assisté à des GED en présence de chefs d'établissements, en l'absence du DLRP mais en présence d'un représentant de la Cirp, etc. Tous les cas de figure existent. Les échanges sont généralement de qualité.
Sur le regroupement éventuel des TIS ou des détenus les plus radicalisés dans un même établissement, je rejoins Sébastien Nicolas. Nous n'avons pas une doctrine très arrêtée sur cette question mais à ce stade, notre préférence va au maintien de l'existant plutôt qu'au fait de créer des établissements dont la gestion serait très difficile, hypersensible et dangereuse. Les détenus seraient concentrés sur un ou deux sites, ce qui confèrerait à ces prisons une dimension symbolique énorme, de nature à nourrir la propagande djihadiste ou celle d'autres types de terrorismes. Il vaut mieux éviter la création d'un « Guantanamo à la française ».