Pour répondre à votre première interrogation sur la lutte contre la radicalisation violente, tout a commencé en 2015, à la suite des drames vécus par la République française. À ce moment, un focus particulier a été porté sur le terrorisme islamiste. Nous sommes passés d'un cadre balbutiant où l'argent pleuvait sans que l'on sache réellement comment le dépenser efficacement – en caricaturant, les actions de lutte contre la radicalisation pouvaient très vite consister en l'achat de ballons –, à une double professionnalisation de la lutte contre la radicalisation violente. Elle a d'abord concerné le renseignement pénitentiaire. Il existait un service au sein de la DAP, l'EMS-3, qui faisait un peu de renseignement mais, pardonnez-moi de le dire de façon triviale, il s'agissait à l'époque de bricolage – même si c'était du bon bricolage. On est passé à un service qui s'est professionnalisé et qui est devenu autonome, membre du second cercle du renseignement. Il a aujourd'hui des ramifications dans chaque établissement et chaque direction interrégionale, avec des méthodes de travail institutionnalisées, inspirées pour la plupart par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ou le renseignement territorial. Le second aspect est celui de la lutte contre la radicalisation violente. Le renseignement ne prend pas en charge les publics. De son côté, la lutte contre la radicalisation violente s'est elle aussi institutionnalisée, en utilisant des méthodes de travail, d'analyse, de repérage, de prise en charge, de suivi et d'accompagnement vers le désengagement. En huit ans, depuis 2015, nous avons considérablement avancé. Le dispositif n'est sans doute pas parfait. Il est en tout cas nécessaire de l'évaluer, comme cela a été évoqué devant cette commission et dans le rapport de l'IGJ. C'est une démarche que nous soutenons à titre syndical. Malgré les progrès réalisés, sans doute existe-t-il des marges de manœuvre qu'il convient de mesurer pour continuer à aller de l'avant et à améliorer ce dispositif.