À ce stade, votre réforme nous semble encore trop axée sur l'emploi et l'entreprise. C'est sans doute un aspect indispensable, mais le vrai problème concerne davantage les savoirs généraux, l'accompagnement et la pédagogie à mettre en œuvre. C'est dans l'enseignement professionnel que l'on retrouve le plus grand nombre de décrocheurs et que nous devons agir en priorité.
Vous avez évoqué la possibilité d'allonger de quelques mois, voire d'une année la durée de la formation. Cela peut être une bonne idée. Ainsi, le système canadien permet l'accompagnement des élèves dans le cadre de parcours un peu plus individualisés, notamment en fin de cycle ou à des moments charnières. Cependant, comment envisagez-vous l'organisation de ces enseignements supplémentaires ? Qui sera chargé de les assurer ? Quel sera le statut des élèves ? Seront-ils sanctionnés par un diplôme ou une quelconque attestation ? Vous avez évoqué des expérimentations : pouvez-vous nous en faire un retour ?
La carte des formations devrait être modifiée en fonction des métiers d'avenir qui seront précisés dans le cadre du plan France 2030 et de l'appel à manifestation d'intérêt « Compétences et métiers d'avenir ». Quels en seront les effets concrets ? Certaines filières seront sans doute supprimées tandis que d'autres seront créées : sur quelle base ? Qui décidera ? Quelles seront les conséquences inévitables de ces évolutions sur les besoins de formation des enseignants ? Des reconversions seront-elles nécessaires ? Ne craignez-vous pas que le cumul de ces mesures et du pacte de revalorisation des enseignants, à qui vous souhaitez attribuer de nouvelles missions, vienne brouiller le message adressé à ceux qui exercent dans les filières professionnelles ?