Je me permettrai quelques mots introductifs qui illustrent ma démarche de rejoindre le groupe Orpea. Il s'agit d'un honneur d'être devant vous et de pouvoir débattre de l'aide à la dépendance associée au grand âge. Avant d'accepter le poste de directeur médical du groupe Orpea, j'ai lu deux fois le livre de M. Castanet et comme de nombreux lecteurs, j'ai été profondément bouleversé par l'histoire de ces personnes qui ont souffert au terme de leur vie, dans le contexte de leur hébergement en maison de retraite. J'ai été très choqué par les malversations atroces d'une équipe dirigeante cynique. Ces détournements ont affaibli les ressources des établissements, venant aggraver d'une part les grandes difficultés du secteur, le défaut de valorisation des métiers, l'attractivité et d'autre part la très grande complexité des soins à apporter à nos aînés les plus fragiles, souvent en grande dépendance.
Je me suis dit alors que je pouvais modestement apporter mon expertise acquise au sein du centre hospitalier universitaire de Lyon et de l'institut du vieillissement, qui a organisé des parcours intégrés depuis le domicile, le secteur ambulatoire, les hospitalisations et jusqu'à l'hébergement en unité de soins de longue durée et a surtout aidé les équipes soignantes à apporter les meilleurs soins. Enfin, j'ai été convaincu par la profonde sincérité de la nouvelle équipe dirigeante du groupe amené par M. Guillot, à la tête de la direction générale et M. Pepy, président du conseil d'administration. J'ai perçu leur engagement profond pour remettre le projet médico-soignant au cœur des préoccupations de l'entreprise et bien au-delà. J'espère aider l'ensemble du secteur qui sert cette grande cause.
En ce qui concerne la maltraitance, il faut rappeler que la mission de soin et d'accompagnement des équipes exige la bientraitance et la bienveillance. C'est par essence le cœur du métier. Un aide-soignant vient travailler pour être bienveillant et bientraitant. Il est de notre devoir, en tant qu'encadrants, d'organiser les conditions pour que cet aide-soignant ou cet infirmier puisse être bientraitant. Il est également de notre devoir de prévenir cette maltraitance, de la détecter et de la traiter d'un point de vue organisationnel. Il faut aussi savoir ce qu'est la maltraitrance. Les petits gestes quotidiens, les gestes trop rapides, les gestes techniques parfois peu enveloppés d'empathie ou peu accompagnés d'une considération de l'humain, avec une concentration sur ce caractère technique du geste soignant, sont de la maltraitance. Ainsi, selon moi, le risque ne peut jamais être considéré comme nul et doit faire l'objet d'une vigilance permanente du quotidien. La maltraitance directe et volontaire est exceptionnelle. Elle relève de cas très particuliers, pour lesquels nous sommes très vigilants et qui doivent faire l'objet de sanctions disciplinaires.
En pratique, avec le professeur Hirsch, nous organisons une démarche « éthique et bientraitance », qui va aller jusque dans les établissements, au plus près des équipes, en organisant des cellules interdisciplinaires (médecins, psychologues, directeurs, aides-soignants et infirmiers), qui veilleront que chaque cas soulevant une question éthique puisse relever d'une concertation interdisciplinaire, à l'échelle de l'établissement, de la région et du comité d'orientation éthique organisé par le professeur Hirsch. Nous accélérons également la formation des référents en bientraitance. 298 sont formés à ce jour et nous espérons pouvoir former les deux référents bientraitants par établissement d'ici quelques mois.