J'ai été aide-soignant en Ehpad pendant plusieurs années. Je viens juste de quitter mes fonctions. Pour avoir vécu une situation compliquée, je vous assure que ce métier ne peut être réalisé sereinement quand nous n'avons aucun moyen temporel pour être attentifs aux besoins des patients, assurer leur hygiène et leur confort, tout en étant humains avec eux. Si nous faisons ce métier, c'est pour la beauté des relations humaines qu'il engendre et le plaisir d'aider son prochain. La complexité du métier d'aide-soignant réside en effet dans le fait qu'il s'agisse d'un métier de cœur. Le cœur, les soignants d'Orpea ont dû le mettre de côté. Je cite certains témoignages de soignants de vos cliniques : « on ne nous a jamais donné le temps ni les moyens de nous concentrer sur la douche » ; « le respect de l'hygiène, le temps de toilette, la surveillance des escarres, la prévention des chutes sont altérés par le manque de temps des personnels ». La liste est encore longue.
Où voyez-vous la place du cœur quand on doit courir pour faire des toilettes, rationner le linge en laissant les résidents dans une situation d'hygiène catastrophique ? Où est la philosophie humanitude, dans cette situation où le personnel allait travailler dans un lieu qui ne connaissait plus d'humanité mais dont la rentabilité était reine ? Le cœur disparaît et l'éthique du soignant avec. Tout cela engendre une forte pénibilité au travail, des taux d'incidence élevés, des troubles musculo-squelettiques et des risques psychosociaux. Dumas disait, « il y a des services si grands qu'on ne peut les payer que par l'ingratitude ». Je vous invite à le prendre compte.
Je vous demande donc ce que vous avez prévu pour améliorer les conditions de travail de vos aides-soignants, qui ont un impact certain sur la qualité des soins des résidents et sur leur bien-être. Je souhaite enfin savoir ce que vous pensez du ratio entre les soignants et les soignés demandé par de nombreux syndicats.