Notre travail s'effectue principalement au sein du Conseil supérieur de la construction, puisque c'est un passage obligé pour tous les textes de loi. Au cours de la précédente mandature, les textes étaient surtout proposés par le Gouvernement. J'ai d'ailleurs participé à des auditions parlementaires.
Les sujets qui nous intéressent sont très vastes, ils vont du patrimoine à l'écoconstruction. Nous n'avons pas encore abordé la question des matériaux biosourcés et des matériaux décarbonés. Nous sommes très attachés à arrêter le tout-béton et les isolants issus de la pétrochimie, à ne pas utiliser les mêmes matériaux dans la Drôme, en Bretagne et dans la Somme. Nous voulons nous réapproprier des matériaux locaux, dans des filières courtes et avec des artisans qui savent les mettre en œuvre et qui respectent le patrimoine.
J'ajoute qu'il est préférable de ne pas rénover un bâtiment que de mal le rénover. En effet, des travaux inappropriés peuvent être à l'origine de nouvelles pathologies. Par exemple, une isolation mal ventilée peut créer des ponts thermiques et donc des moisissures.
Je reprends ma métaphore du corps humain : on ne regarde pas le corps d'une personne âgée comme celui d'un enfant. Il faut intervenir sur les bâtiments anciens avec les bons matériaux, alors que l'industrialisation du monde du bâtiment a coupé l'architecture vernaculaire de ses mises en œuvre traditionnelles.
Avant d'être élue au Conseil national, j'étais membre du Conseil régional d'Île-de-France. Nous avons créé un comité de liaison des matériaux biosourcés. Nous avons interrogé la chambre d'agriculture pour travailler avec des écoproduits agricoles, comme des isolants en paille ou des bétons de chanvre. Il existe de nouvelles solidarités autour de circuits locaux, du champ au mur. C'est ce qui se faisait traditionnellement : en Normandie, on construisait en bauge, c'est-à-dire avec de la terre et de la paille. Il nous faut donc retrouver des savoir-faire… sans pour autant abandonner le béton, qui présente des caractéristiques essentielles pour bâtir aujourd'hui, mais en l'utilisant uniquement quand il est indispensable.