S'il est un secteur qui démontre que la main invisible du marché ne protège ni ne régule, c'est bien celui de l'énergie – et ça craint ! D'abord, pour nos industries : je pense, près de chez moi, à Pochet du Courval, à Verescence – 7 millions d'euros de dépenses d'énergie par mois, 70 millions par an, pour 35 millions de masse salariale –, à PTL, leader mondial de l'emballage qui voit ses factures exploser, à Davigel, à Nestlé, à Alpine… Ces boîtes-là ne seront pas plus protégées par votre proposition de loi que par les mesures gouvernementales. Le risque de fragilisation est réel, car les grands groupes actionnaires peuvent décider du jour au lendemain de délocaliser leur production.
C'est un problème aussi pour les villes moyennes, qui sont, Dominique Potier l'a dit, le cœur battant du territoire et qui n'auront pas droit elles non plus à vos mesures de protection. J'ai évidemment en tête le cas de Dieppe, mais on pourrait multiplier les exemples de villes moyennes dont les factures explosent en dépit d'efforts colossaux de sobriété énergétique, ce qui fragilise les services publics.
Enfin, il y a les gens ! Après les retraites, c'est bien à propos de l'énergie que les gens vont vous attraper par le colback, parce qu'ils ne peuvent plus faire face aux factures. On compte 12 millions de précaires énergétiques, et pendant ce temps-là, les énergéticiens sablent le champagne pour fêter leurs superprofits… Cela va exploser !
Vous êtes quelqu'un de sympa, Monsieur le rapporteur, vous faites de votre mieux, mais vous ne réglerez rien avec cette proposition de loi. On n'arrête pas de dire qu'il est urgent de décorréler les prix du gaz et de l'électricité, mais rien ne vient. Le seul bouclier tarifaire qui vaille, plutôt que les chèques énergie qui sont très coûteux, ce sont les tarifs réglementés de vente, mais vous n'en voulez pas. La bonne nouvelle à ce propos, c'est que l'Assemblée a adopté en votre absence la proposition de loi de Philippe Brun ; je vous annonce d'ailleurs que nous allons la reprendre dans le cadre de notre niche pour avancer dans ce domaine. Pour le reste, vous donnez dans la transparence, dans la lisibilité… Très bien, mais les commerçants, les artisans, les boulangers de ma circonscription, qui se demandent comment ils vont passer l'année, ils ne veulent pas de la visibilité, ils veulent être protégés !
C'est une loi molle, une loi à la sauce Dem, composée de mesurettes. Bref c'est une loi qui ne fait pas le taf, permettez-moi de vous le dire avec gentillesse.