L'étude d'impact du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023 portant réforme des retraites est très claire. Les femmes seront davantage impactées par le recul de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Elles devront travailler en moyenne sept mois de plus, contre cinq pour les hommes. Le ministre des relations avec le Parlement, Franck Riester, a lui-même concédé qu'il était évident que les femmes allaient être pénalisées. Pour certaines générations, notamment celles des années 1980, on passe même du simple au double. En effet, celles qui pouvaient partir dès 62 ans à taux plein grâce au trimestre acquis lors de la naissance de leurs enfants devraient désormais attendre l'âge légal, soit deux ans de plus, pour partir. Qui plus est, les femmes prennent déjà leur retraite plus tard que les hommes. 19 % d'entre elles, notamment issues du baby-boom, contre 10 % des hommes, doivent travailler au-delà de 65 ans pour éviter une décote en raison de carrières hachées. Bien sûr, ces situations sont aussi liées à la structure de l'économie des dernières décennies, qui a causé des inégalités salariales entre les femmes et les hommes auxquelles les gouvernances successives ne sont pas étrangères.
L'amélioration des carrières féminines et la meilleure prise en compte de la maternité tendaient à améliorer les pensions de retraite à long terme des femmes et à rapprocher leur retraite conjoncturelle de celle des hommes. Pourquoi casser cette dynamique de réduction de l'inégalité ? Pourquoi réduire l'effet de trimestre pour la maternité, alors qu'il s'agit d'une avancée majeure de ces dernières années et que la natalité est au plus bas historiquement en France ?