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Intervention de Christophe Jacopin

Réunion du jeudi 9 février 2023 à 9h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Christophe Jacopin, président du GESCOP (GIE de coopératives de taxis) :

Uber a une politique très agressive pour récupérer le marché et se trouver en monopole. Uber a d'abord promis « l'eldorado » à ses chauffeurs pour acquérir un monopole sur ce marché mais les promotions ont entraîné des courses à perte : par exemple du 16ème au 12ème arrondissements de Paris pour 2 euros. Dans cette situation, les chauffeurs devaient travailler vingt heures pour ne pas même toucher le SMIC. Ces données sont présentes dans différents rapports.

Autrefois, Uber passait des contrats avec ses chauffeurs sur cinq ans, avec les véhicules, etc., puis les traitaient comme des « esclaves ». À l'issue de ces contrats, de nombreux chauffeurs de VTC ont souhaité devenir taxis. Comme Uber a besoin d'un grand nombre de chauffeurs pour percevoir ses commissions, cette société a décidé d'attirer les taxis sur sa plateforme en les rémunérant à court terme pour rejoindre la plateforme, pour parrainer d'autres chauffeurs de taxis. Ainsi, les chauffeurs de taxi qui tombent dans ce piège vont d'abord gagner de l'argent mais on connaît la stratégie d'Uber : après avoir capté l'ensemble du marché, elle les traitera comme des esclaves à l'image des chauffeurs VTC.

En 2008, et jusqu'en 2019, la préfecture de police présentait chaque année dans une commission dédiée un « indice économique » servant à réguler l'offre par rapport à la demande pour s'adapter aux besoins des consommateurs, en tenant compte des nuitées d'hôtel des touristes, etc. : s'il était négatif, aucune licence n'était distribuée, s'il était positif, de nouvelles licences étaient accordées. Vous pouvez donc vous procurer ces chiffres. Or, en 2008, des autorisations de stationnement ont bien été distribuées. La pénurie ne constituait donc pas un véritable problème. C'est seulement à certaines heures de forte demande qu'il est plus difficile de trouver un taxi, comme l'a indiqué M. Asnoun. Le reste du temps, ce sont plutôt les chauffeurs qui attendent. Les manifestations de 2008 s'opposaient seulement à une volonté de créer davantage de licences que les besoins ne l'imposaient ce qui aurait conduit à paupériser les chauffeurs. Or, compte tenu des crédits en cours, il n'était possible de créer une situation de paupérisation des chauffeurs de taxis.

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