Dans l'exercice de notre profession, nous sommes sans cesse confrontés à des pénuries, notamment dans les services publics, qui ferment les uns après les autres.
Nous avons évoqué tout à l'heure un problème très grave, qui nuit à l'image de la France à l'international, concernant la qualité de son accueil dans les aéroports et dans les gares. Il y a aujourd'hui une pénurie de policiers. Aéroports de Paris (ADP), groupe qui génère des milliards d'euros de bénéfices, ne souhaite cependant pas mettre en place des vigiles pour faire respecter la législation sur les taxis et les VTC, à la manière de celles prévues par la RATP et la SNCF pour veiller à la sécurité des passagers.
À ma connaissance, il n'existe pas de pénurie de chauffeurs de taxi, même s'il faut peut-être parfois attendre cinq minutes pour trouver un taxi. En revanche, certains chauffeurs de taxi ne parviennent pas à trouver un centre des impôts ouvert et doivent attendre deux semaines pour obtenir un rendez-vous.
En accord avec de nombreux autres syndicats européens de taxis, la CGT demande à l'Union européenne de créer une application publique de taxis, car être taxi nous donne des droits, comme celui de stationner sur la voie publique en attente de clientèle, mais aussi des devoirs, comme d'avoir des tarifs fixés par la puissance publique auxquels nous sommes attachés. Nous souhaitons donc que la puissance publique s'empare vraiment de ces questions de mobilité qui constituent en effet un vrai problème d'utilité publique plutôt que de laisser les plateformes nous « tondre la laine sur le dos ».
Des débats politiques ont en effet eu lieu entre deux écoles, la première qui considère qu'une réglementation stricte doit permettre aux chauffeurs de taxi de survivre – car devoir travailler soixante-dix heures par semaine revient à survivre plutôt qu'à vivre – la seconde qui considère qu'il faut tout libéraliser. Toutefois, ces débats justifient-ils l'impunité et les souplesses dont ont bénéficié Uber et d'autres plateformes ?
Lors des assises de la mobilité, en 2019, le Président Macron a annoncé une nouvelle loi d'orientation sur les mobilités et a mis en place des ateliers pour la préparer. Nous avons réussi avec la GESCOP à être invités à l'un de ces ateliers au ministère des Transports et nous avons découvert qu'il était présidé par un actionnaire de Heetch, plateforme qui venait d'être condamnée pour des pratiques déloyales de transport de personnes par des conducteurs qui n'étaient ni VTC ni taxis. Cette même personne communiquait alors dans la presse sur le fait qu'il ferait avancer les textes. S'agissait-il de légaliser le travail dissimulé en France ?